La vie est toujours vécue dans l'attente d'une histoire d'amour
Legimi
Aider le destin à rompre les amarres. Ceci n'est pas une histoire. Ou plutôt, ceci n'est pas seulement une histoire. Elle est de celles dont on ne sait pas vraiment comment elle commence, parce que peut-être n'a-t-elle jamais seulement commencé… ou alors sur une note si basse, qu'il ne nous était pas donné de nous en rendre compte. La vie est toujours vécue dans l'attente d'une histoire d'amour. Celle-ci vivra au-delà de son dernier matin, un simple matin de lune. Elle se prolongera dans le silence d'une musique patiente, immesurée. Elle nous emportera, sans conscience d'un quelconque repos du temps, car c'est ainsi que les histoires d'amour abolissent les limites. Il nous arrive à tous, un jour, de monter à bord sans bagage, les mains calées au fond des poches, le regard prêt à suivre n'importe quel horizon, pour le seul plaisir de participer au voyage, en chantonner le refrain, aider le destin à rompre les amarres. Essayer. Plongez dans une histoire d'amour poétique qui vous emportera, sans conscience d'un quelconque repos du temps, car c'est ainsi que les histoires d'amour abolissent les limites. EXTRAIT Tandis que dans le fond du café, s'écoule un temps que l'horloge ralentit, un profond silence s'installe entre Baba Raga, aussi appelé Babaji, et moi. Nul autre mot n'est alors nécessaire. Je me lève. Adresse vers lui un lent, très respectueux signe de tête. De la table voisine, la fille au chemisier de dentelle, elle aussi, se lève. Regarde lentement tout ce qui, dans la condensation du moment, emplit encore l'espace autour d'elle. Ramène en chignon au-dessus de sa tête les cheveux qui, l'instant d'avant, jouaient à ses épaules. Réajuste sa jupe froissée. Fait un signe d'au revoir vers Baba Raga. Se dirige vers la sortie, familière du regard porté sur elle par les hommes dans la salle. Lorsque ma main actionne la poignée de la porte couleur de sable, j'entends battre sur le bord du comptoir, le rythme des doigts de l'Indien. Je m'efface légèrement. La jeune femme me précède. Une fraîcheur de lait frôle et passe la porte retenue par ma main. Ensemble nous retrouvons la pluie, alors que la fraîcheur de lait se dissipe déjà dans l'air mouillé de la rue. Je la regarde s'éloigner comme une lame de vent la rejoint, file sous la fine étoffe de sa robe qui s'envole, offrant ainsi aux passants, la fragilité soyeuse de sa peau dérobée. A PROPOS DE L'AUTEUR Pierre Geneste signe ici son second roman. Il s’agit encore de rêver, de préférence éveillé. Le voyage s’écoule lentement. On y rencontre ce que l’inattendu sait parfois vous présenter de merveilleux, et s’il est souvent question de larguer les amarres, ce n’est après tout qu’une façon comme une autre de savoir recourir au bonheur. Qui, lorsque l’amour s’anime, y verrait une objection ?
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