Oscar, Gustave et L'Urinoir

Oscar, Gustave et L'Urinoir

Legimi

Sur un ton loufoque et décalé, les héros de ces quatre nouvelles se racontent. Jusqu’à la chute. Désopilante. Absurde. L’Urinoir : Marcel Duchamp, homonyme du célèbre plasticien, rêve d’un urinoir devant chez lui, une maison d’hôtes dans laquelle il a réuni une communauté un peu folle, une Arche de Noé revisitée où chacun doit trouver sa place. Et ce n’est pas évident, entre la vieille cousine acariâtre et voyageuse, le marin au long cours passionné de coiffure, l’infirmière naturiste et mannequin, les cuisiniers spécialisés dans l’escargot petit-gris, le copain coureur de jupons, informaticien à ses heures, et tous les autres, autant de personnages fantasques qui ont en commun une grande foi dans l’humanité. Oscar : un ange de la mort humaniste à l’humour félin veille sur les vieilles personnes d’un hôpital, avant de les aider à mourir. À table : une femme prépare un dîner pour un homme qu’elle aime au-delà de la raison. Mais il la déçoit, ce qu’il n’aurait pas dû faire. Gustave : un professeur de yoga se comporte comme un sergent-chef. À ses risques et périls. Un recueil de nouvelles loufoques et décalées sur les pas de personnages à l'absurdité grandissante et désopilante. EXTRAIT De L'Urinoir Je m’appelle Marcel Duchamp, comme l’artiste, bien que je n’aie aucun rapport avec lui, c’est juste un homonyme, ma mère était amoureuse de son voisin de palier, Marcel, et Duchamp comme « du champ » mes ancêtres devaient être agriculteurs et avoir une ferme, je suppose. Pour montrer qu’il n’y a aucune relation entre MD et moi, j’ai mis une vieille baignoire à l’entrée du domaine, une grande vasque, manière de situer les choses. Pas un urinoir, quand même, je n’ai pas osé. Aujourd’hui, je le regrette. On ne va jamais au bout de ses rêves. Je m’appelle Marcel Duchamp, j’ai cinquante-trois ans et j’attends depuis un certain temps, trois heures il me semble, dans ce qui ressemble à un couloir de palais de justice, que l’on veuille s’occuper de moi. Au début, j’ai cru que j’étais transparent tellement ils et elles étaient nombreux à me passer devant, dans leur cape ridicule à poils blancs, sans m’accorder un seul regard. Quand je pense à ces pauvres rongeurs assassinés par familles entières pour finir en galon au bout d’une manche, j’en suis malade. J’ai un peu tremblé et puis j’ai pris une décision, je me suis assis sur une dame. Sur ses genoux. Elle n’était ni très jeune, ni très vieille, pas très jolie non plus, mais pas laide, une normale, en quelque sorte, je ne voulais pas être accusé de quoi que ce soit, si j’étais au tribunal, à attendre, c’est que j’avais fait quelque chose de mal, il ne fallait pas en rajouter. « Mais ça va pas, non ! » a-t-elle crié presque aussitôt. Un peu de café s’est mis à couler sur mon pantalon déjà pas très propre. Il devait venir de la machine du bout du couloir, dans son gobelet blanc. Le liquide m’avait brûlé, j’avais la preuve que je n’étais pas transparent. Tant mieux, je n’aurais pas aimé être l’homme invisible. À PROPOS DE L'AUTEUR Isabelle Richard - L’auteure aime pêle-mêle, sans hiérarchie aucune, lire, marcher, nager, l’ailleurs, les Amériques, le cinéma, les levers de soleil sur la Méditerranée, le chocolat et le vin rouge, la musique qui élève l’âme, les fous-rires partagés. Oscar, Gustave et l’Urinoir est son quatrième roman.

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