N'oublie pas de nous dire adieu

N'oublie pas de nous dire adieu

Legimi

Proche de la retraite, le commissaire Varlaud doit encore mener une dernière enquête dans les milieux bourgeois. C’est juste ces mots-là qu’elle lui a dits. Ou à peu près : « Tu as le blues de la soixantaine et la déprime des seniors qui vont devoir assumer de n’être plus rien. Tu as vécu pour ton job mais il ne te le rend pas. Il ne te doit rien quand toi tu lui dois tout. Tu es bon pour les antidépresseurs, les anxiolytiques et les hypnotiques pour border tes nuits. Ça fait pas de cadeau les désillusions. C’est comme les femmes quand elles se sentent un peu larguées… » Elle n’avait pas tort, bien sûr. Il le savait bien. Sur fond de montages financiers douteux, de profits immédiats, de retours sur investissements instantanés, les élites se gobergent à l’envi. Rien de bien nouveau. C’est toujours la même histoire. Et quand la bourgeoisie s’encanaille, qu’une partie fine tourne mal, que les meurtres s’accumulent, que la violence reste la règle et que lui, au crépuscule de sa carrière, doit « finir en beauté » comme dirait le Boss, elle avait beau jeu de conclure : « À bientôt, ici ou ailleurs ! Mais où tu voudras, je crains que ce ne soit nulle part. Surtout, n’oublie pas de nous dire adieu ! » Des mots qui claquent comme les riffs de guitare d’un bon vieux rock’n’roll. Comme une blessure qui aura du mal à cicatriser. Commissaire Varlaud, à suivre... Un polar très noir pour la dernière enquête du commissaire Varlaud qui, à plus de soixante ans, fait le bilan sur son existence et de sa vie de flic. EXTRAIT Le son de la télé est couvert par la voix calaminée de Dick Rivers et le staccato cristallin de la guitare Gibson Les Paul sur « Hey Pony ». Il regarde par intermittences, sur l’écran, les images qui se succèdent. Les gyrophares des voitures de service qui bouclent les rues d’accès. La nuit qui descend. Englobant la zone industrielle d’un halo mordoré. Les barres d’immeubles qu’on devine, masse sombre trouée par les fenestrons éclairés des gens qui sont rentrés du travail. Qui allument leur télé. Les hélicoptères, bourdons immobiles au-dessus des immeubles. Le centre commercial dont seule l’enseigne bravache reste allumée. Des hommes qui marchent. De long en large. Brassards de sécurité. De police. L’attaque vient de se produire. Et tous ceux qui n’ont rien vu, rien entendu n’ont pas assez de mots pour le dire. Le commentateur de BFM TV, blouson baroudeur, mèche agitée par le vent et foulard négligemment noué, raconte inlassablement la même vacuité. Derrière passent les images en boucle. Il n’a pas besoin d’entendre pour comprendre que le journaliste ne sait rien de plus. Mais qu’il doit tenir l’écran. Jusqu’à plus faim. Jusqu’à plus soif. Il se lève du canapé. Se gratte les couilles. Se remet le tiercé dans l’ordre d’un doigt sans aucune équivoque. S’étire. Il va jusqu’à la porte de la caravane et regarde l’eau pisser de l’auvent. Bien que la pluie ait cessé, ici, sous la canopée, la nuit est aussi noire que le cul d’une gamelle de chantier. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE Un livre ténébreux, d'une noirceur sidérale, d'une tristesse insondable, un livre qui raconte les défaites et accompagne les vaincus dans la brume… - Eric76, Babélio À PROPOS DE L'AUTEUR Joël Nivard aime entre autres, la nuit, le vin, le roman noir et le rock’n’roll. Il a publié 8 romans dont Loser aux éditions Denoël dans la collection « Sueurs Froides » et On dira que c’est l’été, deux ou trois jours avant la nuit aux éditions Albin Michel. Il n’y a pas de beau jour pour mourir est son septième polar chez Geste Noir. Son théâtre est publié aux éditions Le Bruit des Autres.

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