Les truands de Saint-Goustan
Legimi
Marie Lafitte a-t-elle perdu la notion du réel ? Que faisait donc Marie Lafitte en FORÊT DE BROCÉLIANDE ce samedi matin avec son chien, son bâton et son énorme panier ? Elle cherchait des girolles, soi-disant, puisqu’elle n’en trouvait pas au marché. Le vent soufflait sur le LAC DE COMPER. Les nuages se reflétaient dans l’eau, dessinant sous ses yeux un château en cristal, celui que l’enchanteur Merlin avait bâti pour la fée Viviane. Comment résister à la magie des lieux ? Elle perdit la notion du temps. Moi, capitaine Alban, de la brigade criminelle de Vannes, je me demande aujourd’hui si, dans cette histoire, Marie n’a pas perdu la notion du réel. Pourquoi ne m’a-t-elle pas tenu informé de l’étrange trafic qui se déroulait entre Lamothe-Saint-Léonard où elle habite, Saint-Goustan où elle fait réparer ses bijoux et la forêt de Brocéliande où, entre parenthèses, on ne trouve pas que des girolles ? Un curieux triangle où elle louvoyait entre les sortilèges et la mort… Dans ce 6e volet des enquêtes de l'attachante Marie Lafitte, retrouvez le capitaine Alban de la brigade criminelle de Vannes, qui tente de démêler les fils du curieux triangle où louvoyait Marie, entre Lamothe-Saint-Léonard, Saint-Goustan et la forêt de Brocéliande... EXTRAIT La mort de madame Le Hénaff devait être vengée. Sa belle maison à pans de bois en encorbellement avait été massacrée. La porte moulurée en anse de panier avait disparu, la fenêtre à meneaux était remplacée par une vitrine. Envolé, le rosier qui prospérait au coin du pignon, le pied protégé par un cercle de galets blancs… Des roses jaunes, les plus odorantes de tout Saint-Goustan… Le magasin ressemblait maintenant de plus en plus à un bordel, avec ses clientes outrageusement maquillées, avides de fripes, qui montraient leur nombril aux gens qui passaient… Des écolières… On se demandait où elles trouvaient l’argent des fringues… On parlait de drogue dans les parages… Il fallait que justice soit faite. Et, d’après la fille du bijoutier, madame Lafitte, toute minuscule qu’elle était, avait la stature pour. Elle savait écouter, elle. Pour commencer, ils voulurent redresser ce qu’ils percevaient comme une injustice envers elle. Ils allèrent voir les gendarmes. Non, madame Lafitte n’était pas une touriste écervelée qui bayait aux corneilles sous les pierres branlantes de leur chapelle Notre- Dame de Lourdes… Le vieux monsieur du banc et les autres allèrent témoigner en masse à la gendarmerie. Ils avaient soigneusement reconstitué le temps qu’il fallait, depuis l’endroit où elle était assise à côté du vieux monsieur, pour aller à l’église Saint-Sauveur, y entrer, en sortir, en faire le tour, contempler quelques vieilles pierres, puis aller près des grillages de la chapelle : 33 minutes exactement. À PROPOS DE L'AUTEUR Après une carrière d'ingénieur de recherche au CNRS à Paris, Chaix d'Est-Ange se consacre aujourd'hui à l'écriture de romans policiers. Le Pays de Vannes est, depuis de nombreuses années, son lieu favori de détente, l'hiver. C'est aussi le cadre choisi pour ce sixième roman. Elle est décédée en 2011.
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