La nuit qui n'a jamais porté le jour
Legimi
Durant l'occupation de Paris par les nazis, Daniel Cahen, un marchant de vin juif fait la connaissance d'un alcoolique chilien sans toit du nom de Sepúlveda. Ils entretiennent une relation de plus en plus particulière... Publié en 1982, en pleine dictature militaire d'Augusto Pinochet, ce roman aborde quelques-uns des thèmes qui ont gangréné nos sociétés et les gangrènent toujours. La ségrégation, le racisme, la peur de l’inconnu, de l’étranger, sont les voix qui donnent forme à ce roman et font de ce dernier un compromis avec ceux qui, pour le simple fait d’être différents de la majorité, souffrent de la violence d’une société déshumanisée. Pendant que les tanks et les hordes nazies défilent sur les grandes avenues parisiennes, Daniel Cahen, un marchand de vin juif, homme qui a vu le monde et peut témoigner de ses atrocités, fait la connaissance de Sepúlveda, un alcoolique sans toît, dont l’âme semble être suspendue à un moment magique et fatale de son enfance. Ils entament une relation autour d’un bordel, d’une prostituée et de l’alcool, qui grandit jusqu’à flirter avec les limites de l’amitié. C’est ainsi que Daniel Cahen ouvre peu à peu Sepúlveda au monde, à sa douleur, à sa misère, jusqu’au jour où, cette nouvelle alliance bouleverse le chilien au point que ce dernier n’ait plus que la violence comme échappatoire. Avec ce récit d’une ambigüe relation entre un exilé français et un marginal chilien à l’esprit étroit, Jorge Marchant Lazcano montre les bas-fonds du principal port du Chili, Valparaíso. De Paris sous l'occupation aux bas-fonds du port Valparaíso au Chili, suivez un exilé français et un chilien marginal dans leur relation ambigüe. Un roman aux thèmes intemporels sur ceux qui, pour le simple fait d’être différents de la majorité, souffrent de la violence d’une société déshumanisée. EXTRAIT — Vous buvez de ce vin avec moi ? Telle fut la façon surprenante de se présenter du Français. Il s’était mis à une table après être redescendu du deuxième étage du bordel. Il ne sut jamais pour quelle raison bizarre l’étranger lui avait adressé la parole. Il était si renfrogné, plongé dans sa rancœur, qu’il ne l’avait pas vu s’installer. Le peu de gens présents à cette heure de la nuit étaient tout sauf distingués et il se trouvait plus pauvre que les autres. Peut-être n’y avait-il même plus d’autres hommes dans le salon. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE Ce très court roman, qui vient d’être traduit en français aux éditions Christophe Luquin se lit d’une traite. À travers une intrigue habilement conduite, l’auteur explore, avec justesse et sans concessions, les thèmes de la marginalité, la peur, la violence dans un contexte social dépourvu de toute humanité. - Mireille Bostbarge, espaces-latinos.org À PROPOS DE L'AUTEUR Jorge Marchant Lazcano est né à Santiago du Chili en 1950. Il fait ses études primaires et secondaires dans le très catholique et très conservateur Institut de Sciences humaines Luis Campino, puis entame des études de journalisme à l’université. Journaliste, il fuit l’ombre du régime Pinochet et s’installe à Buenos Aires, mais l’Argentine ne tardera pas à connaître le même désenchantement. C’est là-bas que son premier roman, La Beatriz Ovalle, est publié, il y reçoit un très bon accueil, et il sortira au Chili en 1980. De retour au pays natal, il continue le journalisme en collaborant à quelques revues nationales, mais il s’y désintéresse et reprend l’écriture à laquelle il consacre la majeure partie de son temps. Il fait un détour par la télévision pour laquelle il écrit la première série après le retour de la démocratie dans le pays. Suivront plusieurs romans dont l’un est traduit et publié en France en 2009, Un sang pareil au mien, salué notamment par Hugo Pradelle de la Quinzaine littéraire. Jorge Marchant Lazcano vit à Santiago.
31.54 PLN