L’avenir est dans ma tête
Legimi
La démocratie pourrait-elle être universelle ? Ce livre retrace l’évolution sociale, intellectuelle et sentimentale d’un homme, Evi Zéla, depuis son village natal, Enyellé, jusqu’aux gratte-ciel de New York et aux lumières de Brasilia. Il reçoit de l’institution qui l’emploie, la mission de convaincre les populations du Sud de l’universalité de la démocratie. Les lieux évoqués sont certes ceux qui ont vu l’auteur naître, grandir et poser ses marques sur le chemin de la connaissance et du développement, il n’en demeure pas moins que du fait de son déploiement imaginatif, du jeu et des enjeux de la mémoire qui le fondent, de la psychologie et des itinéraires des personnages qu’il campe, le récit installe le lecteur dans la pure fiction. Cette fiction qui se nourrit de l’expérience de l’écrivain aborde avec force et pertinence des sujets tabous et cette grande question de l’heure : la démocratie est-elle une donnée universelle ? L’avenir est dans ma tête est le septième roman d’Henri Djombo, un « roman d’éducation », un genre à sa mesure, écrit au plus près de la vie. L’auteur y excelle dans l’art de raconter, résumé dans cette remarquable opposition des paysages et des nuances psychologiques qui en marque la narration. Suivez le parcours d'un homme chargé de vanter la démocratie auprès des populations du Sud, dans cet excellent roman d'éducation ! EXTRAIT — Qu’y aurait-il d’humain et de démocratique là-bas ? s’interrogeait un autre. Pourquoi y laisse-t-on prospérer la corruption et la violence ? Les intervenants s’étendaient dans leurs déclarations et portaient des accusations prouvant qu’ils n’étaient pas aveugles. Ils s’étaient visiblement préparés à nous donner une belle leçon sur les misères dans les pays riches. Ils devisaient également sur les injustices dont les citoyens étaient victimes dans les démocraties d’ailleurs. — Nous avons prouvé que les droits de l’homme ne sont respectés nulle part dans le monde, conclut Antonio. Sauriez-vous nous démontrer le contraire ? Malgré tout, j’essayais toujours de faire la part des choses et de comprendre la position de nos contradicteurs. Antonio conclut par un réquisitoire sur la peine de mort. — Vous dites que la vie humaine est sacrée, monsieur Zéla ! Vous avez également avancé qu’on ne doit pas punir le crime de sang par le sang. Comment ne verrait-on pas que vous êtes partisan du crime ? Même le crime passionnel pourrait être évité s’il était puni conséquemment. En général, le crime prospère parce que les tueurs n’ont peur de rien. Il faut une chose qui leur fasse peur, la mort. Oui, elle seule ! Ne dit-on pas : « Qui tue par l’épée périra par l’épée » ? Il faut guérir ce mal par le mal ! — Après leur condamnation, ils sont protégés par les droits de l’homme ! — Et les victimes, n’auraient-elles pas de droits ? Monsieur Zéla, rendez-vous à l’évidence : la peine capitale représente le moyen de lutte le plus efficace contre les homicides volontaires. Les participants à la réunion nous traitaient, nous qui étions venus proposer la démocratie, d’effrontés, de détraqués, de criminels, de provocateurs impénitents. Ils décidèrent de suspendre le débat puisque les questions préjudicielles n’avaient obtenu aucune réponse satisfaisante. Le choc des mots était une alerte pour nous. Il annonçait les violences qui se seraient produites, si nous n’avions pas reculé à temps. À PROPOS DE L'AUTEUR Économiste de formation, Henri Djombo est Docteur honoris causa de l’Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel (ISMA) du Bénin. Romancier, dramaturge et essayiste politique, il est lauréat de nombreux prix littéraires : Prix de la Meilleure Œuvre Dramatique, Prix Amadou Cissé Dia du Théâtre (2018), Prix Toussaint Louverture (2019), Prix Séry Bailly (2019). Ministre d’État dans son pays la République du Congo, Henri Djombo est Ministre de l’Agriculture, l’Élevage et la Pêche.
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