Histoires de l'Inquisition
Legimi
Un essai sur les flammes de l'Inquisition par lesquelles de nombreuses personnes ont été dévorées. Tout est connu de l’inquisition et de son terrible tribunal, machine à broyer les âmes et à supplicier les corps, au nom du dogme intangible. Le mérite de l’auteur est de reconstituer la réalité concrète de ce système à travers quelques épisodes saisissants qui nous montrent les pouvoirs extraordinaires d’une institution sept fois séculaire. Avec le talent du conteur et la précision du juriste, Rémy Bijaoui nous propose une plongée dans les sombres eaux inquisitoriales : le bûcher de Montségur, le martyre des Vaudois d’Arras (qui n’est pas sans rappeler l’affaire d’Outreau), les procès retentissants d’Espagne (Carrenza, Perez), le cas Giordano Bruno, la chasse aux sorcières, le grandiose autodafé du 30 juin 1680, l’inquisition de Goa spectaculairement révélée par le médecin français Charles Dellon. Immergez-vous dans la terrible réalité de l'Inquisition et laissez l'auteur vous guider au fil de plusieurs procès inquisitoires. EXTRAIT L’on sait que parmi les sorcières, il y avait beaucoup de sages-femmes : pas un village qui n’eût la sienne. Très vite, la croyance s’installa que ces « sages-femmes » tuaient les enfants avant le baptême pour servir Satan en reculant le jour du jugement dernier. Les murmures d’épouvante allaient devenir un cri de damnation et répandre – pendant plus de deux siècles – une terreur d’imagination qui, des campagnes, remontera aux sphères les plus élevées de l’Église et du royaume tout entier. On tremblait devant ces servantes de Satan, protégées par les charmes et les sortilèges, défiant l’Église de Dieu. On les voyait partout. N’importe quel événement accidentel ou tragique survenu dans un hameau était imputé aux sorcières. « Le soupçon s’attachait peu à peu à quelque vieille femme d’humeur acariâtre ; aussitôt on l’arrêtait, car, aux yeux des inquisiteurs, une simple menace telle que tu t’en repentiras, lancée négligemment, mais suivie du moindre malheur, suffisait à justifier l’arrestation et le procès. Tous les voisins accouraient en foule et se constituaient accusateurs ; celui-ci avait perdu une vache, cet autre avait vu sa récolte ruinée par la grêle ; les chenilles avaient ravagé le jardin d’un troisième ; telle femme avait souffert d’un avortement ; le lait de telle autre s’était subitement tari ; une autre encore avait perdu un enfant plein de vie ; deux amants s’étaient querellés ; un homme était tombé d’un pommier et s’était rompu le cou. » [...] La répression qui s’abattit sur elles fut, d’un bout à l’autre de l’Europe, implacable. Elle s’exerça sous l’effort combiné quoiqu’indépendant de l’Église et de l’État. Car – phénomène digne de remarque – dans un premier temps, les procès de magie et de sorcellerie relèveront indifféremment de la compétence des juridictions ecclésiastiques ou séculières. Peu à peu, dans toute la France, les juges épiscopaux, sous l’influence du Parlement, affirmeront leur primauté sur les inquisiteurs. En pratique, l’Église conservait l’initiative des poursuites : elle instrumentait sous l’œil attentif du juge royal, qui de son côté enregistrait les interrogatoires de l’accusé et des témoins par l’inquisiteur. Mais, une fois la peine prononcée par le juge d’Église, l’hérétique était transféré dans les prisons royales pour y être jugé, non plus sous l’angle théologique, mais au regard d’un crime de lèse-majesté (le crime de sorcellerie) entraînant ipso facto un verdict de mort. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE "Édifiant !" Jean-Pierre Allali, Dafina.net À PROPOS DE L'AUTEUR Rémy Bijaoui est avocat au barreau de Paris. Il a publié plusieurs ouvrages sur la justice et l’histoire, dont Voltaire avocat (Tallandier), Prisonniers et prisons de la Terreur et Le Procès Judas (Imago).
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