Pourtant j'étais au rendez-vous
Legimi
Guidé par la soif de vengeance, Edmond est prêt à commettre le pire : tuer son propre père. Edmond est décidé. Il va tuer le jeune gars pour franchir le Rubicon de son enfance sordide. Et aussi parce qu’il en a énormément envie. Mais auparavant, il doit écrire son histoire et convoquer tous les bourreaux qui lui ont pourri ses jeunes années, afin de les forcer à comparaître avec lui au tribunal. Après avoir dilapidé tout l’argent de son père, et le contraindre à finir sa vie dans un établissement sordide, il se rendra à la police. Car celui qui tient la première place parmi ses bourreaux, c’est son père. Et plus il écrit, plus Edmond se souvient de l’addition de servilité, de manipulation, de culpabilisation subies dans son coin de campagne, adroitement relayées par ses camarades et ses enseignants, jusqu’au curé. Tout est prêt. Sa vengeance sera imparable. Mais parfois, il y a des grains de sable même dans les plans les mieux élaborés. Pour le meilleur ou pour le pire. Allez savoir. Un roman psychologique intense, qui traite de l'impact d'une enfance difficile sur toute une vie, et explore les difficultés liées à la compréhension et au pardon. EXTRAIT Six ans. On n’a pas beaucoup de souvenirs de cet âge-là. Des images, quelques moments triés, des odeurs aussi. Et des sensations. La peur du noir, la douleur des coups qui lui en rappelait une autre. Pour une fois, ce n’est pas le père qui en était à l’origine. Edmond s’était débrouillé seul pour se casser le bras. Comme tous les gamins de la campagne, son frère et lui adoraient monter aux arbres. Jusqu’en haut du cerisier même, qui devait mesurer au moins cent mètres dans sa mémoire d’enfant. Les deux garçons grimpaient jusqu’à la plus haute branche, là où seuls vont les oiseaux, parce que c’est là que se trouvaient les plus belles cerises qui avaient profité d’un soleil qu’aucune feuille ne venait voiler. Ils n’avaient pas peur et, en acrobates légers qu’ils étaient, ils pouvaient prendre appui sur les branches les plus fines. Bien sûr, arrivés en haut, ils se gavaient des fruits gorgés de jus avant d’emplir leurs sacs plastiques. Il leur était même arrivé d’y grimper un jour où il y avait grand vent et que les parents étaient partis faire les courses. En haut de l’arbre, secoués par les rafales, ils riaient en injuriant les Dieux grecs dont ils avaient lu les noms dans un livre, se moquant d’Éole incapable de les faire tomber. À PROPOS DE L'AUTEUR D’abord enseignant puis archéologue médiéviste, pour finir conseiller municipal de sa ville, Jean-Denis Clabaut est auteur d’ouvrages historiques et de romans. Cette passion de l’écriture, qui est née dans la librairie de son enfance, l’a amené à fonder l’Association des Auteurs Du Nord qui a pour but la promotion de la lecture et de l’écriture dans les prisons.
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