Le piaf de Kaboul

Le piaf de Kaboul

Legimi

Madhi, un demandeur d'asile afghan, occupe son attente interminable en venant en aide à ses semblables. À Cherbourg, il y a les demandeurs d’asile dont Mahdi, un jeune afghan parlant français couramment, et puis les autres : les sans-papiers, les passe-murailles, ceux qui ne se montrent que la nuit pour tenter de forcer les grilles du port de commerce, âprement défendues par les CRS. Un ferry pour l’Angleterre n’est pas loin. La mort non plus ! Mahdi n’est pas de ceux-là. Guidé par ses introspections, il attend calmement la décision de la commission chargée d’examiner sa demande d’asile... attente sans fin qu’il consacre à ses semblables venus d’horizons lointains, différents. Il leur enseigne le français, gère leurs conflits, s’implique dans une traque policière organisée contre d’infâmes passeurs, affronte les préjugés qui lui font obstacle... et se laisse happer par Cherbourg. Réalité ou fiction ? Dans ce roman-témoignage écrit à la première personne, l’une porte le masque de l’autre. L’auteur et Mahdi parlent d’une même voix de leur long voyage initiatique à travers les ténèbres du déracinement. Découvrez le roman-témoignage poignant d'un déraciné perdu au coeur de Cherbourg qui devra faire face aux préjugés. EXTRAIT Bouger d’ici c’est me heurter à la mer, donc tenter encore et encore, chaque nuit, et à quel prix, de forcer le passage jusqu’au ferry. Dans le meilleur des cas, je passe le Chanel et m’adapte à la vie de ces insulaires qui s’expriment en anglais... ce qui signifie que je renonce au français, et ça, c’est impossible ! D’abord par respect pour ma mère qui m’a immergé dans la culture française, en m’éduquant comme un Français, et ensuite pour mon ego. Ambivalente, ma voix intérieure, qui semblait se rallier à mes derniers arguments, me pousse cependant au départ. Et là, j’ajoute pour elle, donc pour m’en persuader : — J’ai trop voyagé, trop mal voyagé, trop marché, trop fatigué mon corps, trop eu peur de l’inconnu... je n’en peux plus, j’ai besoin de repos, de stabilité, d’apaisement. Je n’ai aucun mal à la convaincre, et je m’endors en marmonnant : — Ma décision est prise, je débuterai – si mes diplômes afghans me le permettent – une formation par correspondance conduisant à un master professionnel 2, de vente et de marketing. La conseillère m’a promis qu’une attestation de reconnaissance de mon niveau d’études me serait délivrée par le centre ENIC-NARIC (France), et que je pourrai accéder à cette formation sans problème... 231 jours me séparent de celles que j’aime, le jour du top-départ d’une nouvelle épreuve que je dois affronter : « un combat long et difficile contre une administration tatillonne », m’a dit textuellement le commissaire, heureux de m’avoir convaincu de faire ce choix. Et il a ajouté : « De ce combat, tu n’en connaîtras ni la longueur, ni l’issue, car la procédure de demande d’asile peut durer de cinq à dix-huit mois, voire deux ans, et déboucher parfois sur un refus... mais tu le gagneras ce combat, Mahdi ! » À PROPOS DE L'AUTEUR En 1962, à vingt ans, Alain Rodriguez est arraché à sa terre natale. L’Histoire en a décidé ainsi. Il arrive en métropole avec pour tout bagage un sac à dos et une petite valise. Déboussolé, en quête d’un ancrage, il flirte avec les quatre points cardinaux de l’hexagone avant que l’Éducation nationale ne lui fasse poser pied dans un collège du Nord Cotentin. Deux ans après, il épouse une Normande, fonde une famille... et ne quitte plus sa presqu’île.

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