Je n'ai pas suicidé ma mère
Legimi
Isabelle Eclair explore son enfance meurtrie et se libère, par la parole, de ses traumatismes refoulés pour continuer à avancer. Mère suicidée, fille suicidaire ? Non ! Refuser cette identification mortifère, tel est le combat de l’auteure. Placée en pension pendant dix ans pour échapper à la folie de sa mère et à l’absence inconsciente de son père, Isabelle a grandi sans repères et s’est battue pour ne jamais reproduire le schéma de vie dévastateur qu’a été le sien. De l’abandon de l’enfant à l’aliénation de l’adulte, le cycle infernal des répétitions est décrit ici avec une logique implacable, que seul le verbe peut briser, permettant enfin la réparation. Cet émouvant témoignage de résilience livre un message d’espoir pour tous ceux dont l’enfance a été meurtrie : la parole peut détruire ou guérir. Le silence tue, à coup sûr. Ce livre s'adresse à tous ceux dont l'enfance a été meurtrie, compromettant ainsi gravement leur vie d'adulte par la peur viscérale de l'abandon, la dépendance affective, la quête éperdue du regard de l'autre, même si cet autre est un pervers narcissique, pour tenter de combler à n'importe quel prix la faille béante du manque fondamental. EXTRAIT Ce couple père-mère était élevé sur un piédestal, au pied duquel l’enfant se sentait toute petite, minuscule, lilliputienne, insignifiante. Inexistante. Elle les contemplait dans leur spirale d’amour comme une spectatrice impuissante. Elle n’y était pas admise. Ce qui, paradoxalement, lui sauva la vie. Lui évitant une descente aux enfers certaine. « Surtout, occupe-toi bien de maman ! » : d’où la largeur de ses épaules. Il lui fallait porter sa mère. Vaille que vaille. Vaillant petit soldat. De quel droit une pareille injonction ? De quel droit ce père-là délégua-t-il son rôle à son enfant ? Il n’en avait aucun droit. « Tu n’en avais pas le droit ! » aurait-elle aimé pouvoir lui crier plus tard. Mais elle ne le fit jamais. Quand elle en aurait eu la force, ce fut trop tard. Pourquoi ? Pour qui ? Parce que quoi ? Parce que c’est comme ça ? Revenons à l’enfant, ballottée par le temps, ballottée par le vent, ballottée par la vie, ballottée par tout, sauf par sa mère. L’enfant ballot, l’enfant balourd, se déplaçant les bras ballants, ne sachant qu’en faire, la tête enfoncée dans les épaules, un portemanteau ambulant, vêtu de vêtements trop grands, pour qu’ils servent plus longtemps... Et lui, qui ne voyait rien, ou faisait semblant, pour préserver sa femme, mais pas l’enfant. « Papa, t’étais où ? » Entre la mère et l’enfant, il a choisi la mère. Dès le premier jour, lors de sa conception, avant même sa naissance. À PROPOS DE L'AUTEUR Isabelle Eclair est coach psychocorporelle et intervenante à l’université en Expression/Communication. À travers son témoignage poignant, celui d’une femme accablée d’une pernicieuse culpabilité aujourd’hui dépassée, elle s’adresse à tous ceux dont l’enfance a été meurtrie, compromettant ainsi gravement leur vie d’adulte par la peur viscérale de l’abandon, la dépendance affective, la quête éperdue du regard de l’autre, pour tenter de combler à n’importe quel prix la faille béante du manque fondamental.
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