Je n’ai rien vu venir
Legimi
La réalité singulière et complexe d’un sans-abri Momo est hyperactif et ça tombe bien : quand il n’est pas occupé à sauver Filleul Royal du suicide, il veille sur Ramon, coincé entre sa mère et sainte Bibine. Le plus souvent, il fait la causette aux visiteurs de la résidence, un centre qui accueille les naufragés de la ville et de la vie. Puis, un jour, Jacques arrive, avec ses histoires de sexagénaire cabossé : « Je n’ai rien vu venir. Que dire d’autre ? » Plein de choses, sans doute… Un ouvrage qui marque les esprits EXTRAIT Je n’ai rien vu venir. C’est ce que je lui ai dit. Sabrina doit avoir l’âge de Laura. Sur la porte de son bureau, il était écrit « Sabrina ». Elle me posait des questions et des questions. Les mots d’une question se mêlaient à ceux de la suivante. Je l’aurais écoutée pendant des heures. Sa voix me réchauffait. Cette jeune femme me parlait et j’avais l’impression de devenir à nouveau un être humain. Je n’étais pas capable de lui répondre, mais j’avais besoin de l’entendre. Je ne voyais aucune trace de haine ou de mépris sur son visage. Elle me regardait dans les yeux, elle tenait son bic en l’air, elle est gauchère, elle attendait d’avoir quelque chose à noter. Je crois qu’elle a deux enfants. Un garçon et une fille, d’environ dix à douze ans, si les photos posées sur sa table sont récentes. J’ai quatre enfants. Ils vivent à l’étranger. C’est ce que je lui ai répondu. Ils travaillent beaucoup, ils ont leur vie, c’est impossible pour eux de m’accueillir. CE QU’EN PENSE LA CRITIQUE - « Un roman sensible et percutant se situant dans un lieu d'accueil pour sans-abri. » Télépro - « Avec Je n’ai rien vu venir, nous allons percer une part du mystère de la précarité envahissante, celle qui vous amène à ne plus pouvoir rencontrer vos besoins vitaux. (…) C’est sans doute dans sa description fine et sensible du vécu quotidien des personnes précaires, nourrie sans doute d’une documentation fournie, que cet ouvrage marquera les esprits. Il démontre à merveille l’enchevêtrement des difficultés qui empêtrent l’existence des personnes en situation de grande pauvreté tout en rappelant utilement que leur histoire est unique et qu’elles n’ont le plus souvent rien vu venir. » Thierry Detienne, Revue des Lettres belges francophones A PROPOS DE L’AUTEUR Eva Kavian est écrivaine et animatrice d’ateliers d’écriture. Elle a publié une vingtaine d’ouvrages, principalement des essais ( Écrire et faire écrire, t. 1 et 2, De Boeck) et des romans, dont plusieurs ont été plébiscités par les lycéens : Le Rôle de Bart (Le Castor Astral, prix Marcel Thiry) ; Ne plus vivre avec lui ; Premier Chagrin ou encore Ma Mère à l’Ouest (Mijade).
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