Ultra black

Ultra black

Legimi

Après Crash test, un premier recueil percutant, Alexandra Bitouzet nous propose Ultra black, six nouvelles plus noires que noires Il est en train de dormir à côté de moi. Il transpire et je déteste ça. Les draps sont humides. Je n’aime ni l’odeur de sa peau, ni la moiteur de ses mains, ni le timbre de sa voix. Je n’aime pas ce qu’il est et pressens déjà ce qu’il va devenir. Je n’aime pas sa façon de me faire l’amour ni de me dire son amour. Ses gestes sont maladroits et ses baisers malhabiles. Il m’agace avec ses mièvreries et ses mots tendres qui sonnent déjà faux. Je ne l’aime pas et je le sais, mais je vais l’épouser. La Virginie Despentes de l'Yonne allume le côté obscur de nos vies minuscules. EXTRAIT DE LA PAULA Elle contemple le mur qu’elle vient de monter. Toute seule, une à une, elle a posé ses parpaings. Elle a fait le béton, elle a coulé une dalle. Elle s’est assise en face et l’a admiré. Elle a allumé une cigarette et a tiré trois lattes, s’est ouvert une bière qu’elle a bue au goulot. Elle a roté si fort que le chat s’est cassé. « Un vrai bonhomme » aurait dit Jacky. Jacky, c’était son homme, mais il a fait comme le chat – c’est ce que murmurent les voisins. Les voisins se marrent bien, ça leur fait de quoi parler. Dans les villages, c’est comme ça, faut pas s’attendre à autre chose. Mais Paula, elle s’en fout, elle continue sa vie. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE Je ne sais pas si [Alexandra Bitouzet] a un rapport particulier au soleil ou à la lune ou à la terre mais au souffle, oui, à la vitesse, oui, à la respiration, oui. Elle a compris qu'à l'origine de toute littérature, il y a un cri, qu'il soit muet ou pas, qu'il soit explosif ou d'étouffement. Un cri qu'on développe sans fin, ce cri que je souhaite à Alexandra de développer encore longtemps. - Olivier Steiner, Huffington post À PROPOS DE L'AUTEUR « Je suis née en 1980. Ce qui me paraît important, dans la vie, ce sont mes enfants, Léopold et Élisa. C'est sans doute pour eux que j'écris parce que je pense que c'est ce que l'on peut laisser de plus important à un enfant, plus qu'une baraque ou une forêt de chênes. Des mots qui resteront. Je travaille souvent avec ma sœur jumelle, Lili. Elle peint et j'écris des petits textes pour ses toiles. L'avoir est une chance pour moi. J'écris et je lis depuis toujours, mais ça c'est bateau. Le souci, c'est que ce qu'il faudrait dire de moi, j'ai pas vraiment envie que ça se sache... » Alexandra Bitouzet vit dans l’Yonne et écrit aux côtés de sa sœur jumelle Lili, artiste peintre.

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