România, vertiges de saison

România, vertiges de saison

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Au travers de ces quatre récits, découvrez différentes facettes de la Roumanie, entre communisme et modernité. Quatre récits. Quatre saisons. Deux époques qui se mêlent parfois : les années du communisme et celles de la Roumanie moderne en pleine transformation. Ce pays profondément européen est marqué par une mythologie populaire toujours vivante. Partout dans les forêts enneigées, dans les petits villages sublimes et colorés, dans Bucarest même, court ce frisson fantastique irrésistible. 1992. Cătălin et Dorin, assoiffés de liberté, rejoignent par le train leur famille à Reşiţa, traversant l’immense forêt enneigée gardienne des légendes éternelles. Le célèbre écrivain Manealescu, vieillissant, espère retrouver l’inspiration dans le calme d’un village perdu sur les hauteurs de Sibiu. C’est alors qu’il est confronté à un fromager un peu perdu dans le temps. Un jeune professeur roumain de Bucarest héberge pour une nuit un ami français qui doit prendre un avion à l’aube. Une nuit qui vire au cauchemar sous le regard obsédant d’une femme absente. Un jeune couple bordelais découvre la Transylvanie à la recherche, mais en vain, d’images stéréotypées. Cependant hors des sentiers battus… Dans ces nouvelles aux frontières du fantastique, Pierre Jacquemin livre le portrait d’une Roumanie baignée de mythologie malgré les séquelles du communisme, qui n’est pas sans provoquer le même vertige que certains films de David Lynch. EXTRAIT DE Dansons la Hora ! Le froid était très sec, l’air vif était coupant, pénétrant. Je tirai le capuchon de mon manteau au plus bas de mon front, par-dessus le bonnet de laine, et pressai le pas pour me réchauffer un peu. Je faisais bien attention à ne pas glisser sur le sol gelé qu’animaient sournoisement de curieux reflets qui disparaissaient sous mes pas. Je ne m’attendais pas à une telle circulation à une heure aussi tardive alors qu’une foule assez compacte et plutôt bruyante se déversait et traversait un peu au hasard entre les voitures. Certes, je n’étais plus très loin de la gare du Nord et nous étions le dernier jour de l’année. Un autobus venait de s’immobiliser tout près de moi, après une lente glissade sur l’asphalte par endroits gelé, manœuvre parfaitement maîtrisée dans l’indifférence des passagers qui descendaient chargés de valises avec d’infinies précautions pour ne pas tomber. Bucarest tremblait dans la lumière des phares des voitures qui allaient au pas, les façades des immeubles bleuissaient avec une nuance étrange tirant un peu sur le violet. La neige luisante, très épaisse, recouvrait tout et une écume légère se soulevait par endroits, poudroyait puis s’effaçait, lumineuse. À PROPOS DE L'AUTEUR Pierre Jacquemin a étudié le serbe et le grec moderne à l’université de Bordeaux III. Il parcourt l’Ex-Yougoslavie, la Grèce puis l’Egypte sur les traces du grand poète alexandrin de langue grecque Constantin Cavafy. Il a publié aux éditions Riveneuve deux essais sur Cavafy : De l’Obscurité à la Lumière ou l’Art de l’Evocation (2009), et Eros, Thanatos, Hypnos, poèmes érotiques (2011). De ces voyages naîtront également un recueil de nouvelles : Errances sur les Quais de Bordeaux et autres récits fantastiques (2015), Voyages à l’Ombre de la Lumière, poèmes initiatiques (2012). Il étudie actuellement le roumain à l’université et se rend très souvent en Roumanie. Il vit à Bordeaux.

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