Politique des limites, limites de la politique
Legimi
La philosophie du droit d'Hannah Arendt, trop souvent mise de côté, est remise à jour par Vincent Lefebve. En forçant un peu le trait, tout se passe comme si les abondantes lectures politiques et morales suscitées par l’oeuvre de Hannah Arendt avaient conspiré à masquer sa philosophie du droit. Cet ouvrage s’efforce de rectifier une telle perspective, bien ancrée tant chez les spécialistes de la pensée politique que dans le grand public, en invitant le lecteur à cheminer à travers cette oeuvre exigeante afin d’y découvrir une réflexion sur le droit originale. Cet ouvrage de philosophie revisite la pensée originale de la politologue, philosophe et journaliste allemande Hannah Arendt. EXTRAIT Par contraste, on ne peut pas dire que la philosophe soit généralement reconnue pour avoir élaboré une pensée du droit. Il a fallu attendre bien longtemps avant que les premières publications allant dans cette direction voient le jour. De telles initiatives restent malgré tout assez isolées et elles sont quasiment absentes de la littérature secondaire en langue française5. Nous proposons ici non seulement de montrer qu’une telle pensée du droit existe bel et bien chez Arendt, qu’elle traverse l’œuvre de part en part, mais aussi qu’elle constitue l’une des meilleures clés interprétatives de cette philosophie politique déroutante, peu préoccupée de systématicité. Pourquoi cette pensée politique du droit, comme nous l’appellerons dans les pages qui vont suivre, a-t-elle longtemps reçu aussi peu d’attention ? Il est vrai qu’on cherchera en vain, chez Arendt, une philosophie du droit qui soit explicitement formulée en tant que telle. Alors que la question de l’essence, question socratique par excellence, constitue l’une des marques distinctives de l’investigation philosophique telle qu’Arendt la conçoit (nous trouvons dans son œuvre des textes importants qui s’intitulent : « Qu’est-ce que la liberté ? », « Qu’est-ce que l’autorité ? », etc.), la philosophe ne s’est jamais saisie de la question : « qu’est-ce que le droit ? ». Un tel constat est toutefois trompeur. Une lecture attentive permet en effet de mettre en lumière la présence, dans l’œuvre arendtienne, des thèmes du droit, des droits de l’homme, de la Constitution, de la loi, du contrat, de la justice, etc.. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE Cet ouvrage est une excellente synthèse de l’ensemble des réflexions arendtiennes où le droit est convoqué. L’analyse de l’œuvre de Hannah Arendt sous l’angle du droit en renouvelle profondément la lecture et s’avère d’une grande fécondité. Vincent Lefebve montre, avec beaucoup de talent, comment cette œuvre est tout entière traversée par une interrogation dense et très féconde sur les rapports entre droit et politique, le droit s’imposant comme un facteur de stabilisation et de création d’un espace public où la pluralité humaine peut agir politiquement. Cet ouvrage montre également l’actualité de la pensée arendtienne face aux problématiques juridiques contemporaines [...] tout en rappelant les dangers auxquels les hommes doivent faire face en leur qualité d’êtres politiques. - Sophie Schulze, Centre de philosophie juridique et politique, Droit et Société L’originalité de l’ouvrage de Vincent Lefebve est de mettre au jour un aspect largement méconnu de la pensée de Hannah Arendt, sa philosophie du droit, qui ne se présente pas de façon explicite. - Katia Genel, Université Paris 1-Panthéon Sorbonne, Revue française de science politique À PROPOS DE L'AUTEUR Vincent Lefebve est chargé de recherches du FNRS, maître d’enseignement en droit à l’Université libre de Bruxelles et membre du Centre de droit public et du Centre de droit international.
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