Monsieur Octave
Legimi
Don Juan revisité à l'époque de l'Occupation J’ai toujours pensé que la vraie ordure, dans Don Giovanni, n’était pas don Juan, mais bien Ottavio, pâle fiancé qui n’attend même pas que le père d’Anna soit mort pour se proposer comme père et mari.Dans le contexte de l’Occupation et de la Résistance, Octave est devenu officier de police, petit tyran qui se croit investi d’un grand pouvoir… La pièce de théâtre a été rédigée lors d’une formation à la Fabrique de Théâtre de La Bouverie, consacrée à Don Juan, sous les auspices de Michel Tanner. La réécriture d’une pièce qui fascine l’auteur... À PROPOS DE L’AUTEUR Professeur de littérature contemporaine à l'Université catholique de Louvain (UCL) et d'histoire contemporaine à l'IHECS, il a écrit de nombreux essais, romans, nouvelles ou pièces de théâtre. Il est aussi critique littéraire et chroniqueur ; à ce titre, il a collaboré avec Le Soir, Victoire (supplément hebdomadaire du Soir) et Mint en radio. Depuis 2014, il collabore avec La Première, en tant que chroniqueur au sein de l'équipe de l'émission CQFD. Chez Ker, il est l'auteur de nombreuses pièces de théâtre, d'un essai ainsi que de plusieurs romans, comme Raphael et Laetitia et Les Diaboliques. Pour en savoir plus sur l'auteur rendez-vous sur son site : http://www.edern.be/vincentengel/ EXTRAIT Scène 1 Anne, Jean La scène est coupée en deux (un tiers – deux tiers). À gauche, un salon. À droite, une chambre avec un grand lit. Au début, il fait noir. On devine, aux bruissements des draps et aux soupirs, un couple dans le lit. Ils ont fini ; ce sont les derniers baisers, le souffle qu’on reprend. Puis, on entend une allumette craquer et la lumière monte petit à petit. Jean, sur le bord du lit, tire sur sa cigarette puis enfile son pantalon. Derrière lui, Anne reste couchée. ANNETu dois vraiment t’en aller ? JEANChaque fois que je te rejoins, tu me poses cette question… JEANTu le sais, je n’ai que la nuit. Dormir ressemble trop à la mort quand l’obscurité s’en mêle. ANNE, qui essaie de le ramener vers le litTu m’effraies quand tu parles ainsi. Peut-être aussi suis-je jalouse. Que fais-tu quand tu n’es pas ici ? Qui vois-tu ? JEAN, qui se dégage en douceurAllons, petite fille, sois sage ! Ne me demande pas d’être ce que je ne puis être, tu cesserais de m’aimer.
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