Les partis politiques, ateliers de la démocratie
Legimi
Les partis politiques, historiquement et intrinsèquement liés au développement de la démocratie, sont de nos jours souvent décriés, présentés comme en crise, voire rejetés sans autre forme de procès... Ce livre se propose de mettre en évidence la manière dont le phénomène partisan et la question démocratique se nourrissent l’un l’autre et évoluent de concert dans la période contemporaine. Cet ouvrage de science politique s’appuie sur des études de cas concrets dans plusieurs pays et régions du monde. Les contributions portent sur des démocraties installées de longue date. EXTRAIT Les contributions de cet ouvrage rejoignent aussi une appréciation, communément partagée, sur la fin de la démocratie des partis qui, comme l’a notamment montré Bernard Manin (1995), s’est étalée sur une grande partie du XXe siècle et se caractérisait par une identification partisane des électeurs et une discipline de vote des élus dans les assemblées parlementaires. La démocratie des partis correspondait aussi au développement des partis de masse qui, contrairement aux partis de cadres, s’appuyaient sur un militantisme actif, une intégration sociale et une organisation structurée (Duverger, 1951). Différents phénomènes viennent conforter l’idée de la fin d’un âge d’or des partis politiques : à côté de la baisse de l’identification partisane, mise en exergue par la volatilité électorale, on retrouve le déclin continu du nombre d’adhérents et le développement du militantisme intermittent. Les partis ressemblent de plus en plus à des organisations sans partisan ou à des machines électorales professionnalisées (Wattenberg, 2002). Cette transformation tient, pour une part, à l’épineuse question de leurs ressources financières. Dans les Etats européens, l’accord entre les partis de gouvernement autour des règles de leur financement public s’est soldé par ce que Peter Mair et Richard Katz appellent la cartellisation partisane (Katz, Mair, 1995). L’avènement du parti-cartel a ensuite animé le débat scientifique notamment dans le monde anglo-saxon. Une vaste analyse critique et comparée de ce modèle, parue en français, montre qu’on est en présence d’une hybridation des différentes formes de partis existantes plutôt que d’un nouveau modèle explicatif applicable en toutes circonstances (Aucante, Dézé, 2008). L’intensification de la compétition partisane dans les démocraties montre, notamment, la difficile monopolisation du pouvoir par les partis établis via le contrôle des ressources de l’Etat.
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