Les Aliénés
Legimi
Le choix : ne plus avoir le choix. L’histoire s’ouvre sur une scène brutale qui donne le ton du roman : une jeune femme prénommée Kenza est retrouvée gisant par terre. Elle a voulu se suicider, mais elle respire encore. Il y a quelque chose de surprenant dans ce texte ; sa violence pourrait en rebuter plus d’un, mais il y a tant de poésie qu’elle s’en trouve adoucie et nous happe totalement. On est saisi par la beauté des phrases qui racontent l’horreur. C’est comme si la perversité était devenue poète. On est attiré par le gouffre, l’horreur. Et c’est cette horreur qui nous prend dès le début pour ne plus nous lâcher ; elle nous fascine. Ce texte est une descente progressive vers le chaos, car il est vrai qu’il semble inimaginable que les destins de ces personnages ne soient destinés à autre chose qu’au néant. On y trouve les dérives d’une société malade : la schizoïne, cette substance qui permet de s’évader d’un quotidien inconsistant et finit par atteindre toutes les classes de la société, rythme le texte. Elle a été mise au point par Dalton, un pompier qui s’occupe essentiellement de faire disparaître les traces des accidents et tragédies, et qui, en parallèle, fait du trafic de médicaments. C’est ainsi qu’il a rencontré Kenza, presque nue, étendue sur le sol, son pouls si faible qu’ « une simple caresse pourrait lui ôter ce qu’il lui reste de vie. » Et là nous avons cette poésie sur la vie, sur la mort. N’est-on extrêmement vivant que lorsqu’on se trouve confronté au vide ? Un pas en avant on tombe, un pas en arrière on continue... à se voiler la face ? Les aliénés renverse les codes du polar version drame urbain. EXTRAIT Dès le lendemain de sa sortie de la clinique, Kenza a contemplé plus d’une fois, en soulevant légèrement son masque, les ecchymoses et les plaies sur son visage avec l’espoir qu’elles ne s’effacent pas. Au bout de quelques jours, elle a décidé de se séparer de ses bandages. Définitivement. Elle les a jetés à la poubelle afin d’exhiber au grand jour les traces de son geste. Elle est fière de s’être tatoué la liberté sur la face. Je suis ce que je veux. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE - « Espedite est un fou furieux mais il écrit comme un Dieu. » (Anne Schwartzbrod, Libération) - « Noir, parfois absurde, ce roman raconte une Corse un peu poisseuse, trop étroite, à l'odeur de renfermé. Ses protagonistes tentent de se suicider, trafiquent de la drogue et tuent dans une sorte de ballet noir et tragique à la frontière de l'absurde. » (Violette Lazard, L'Obs - supplément Corse) A PROPOS DE L’AUTEUR Né en banlieue parisienne en 1978, Espedite travaille en Corse depuis dix ans, au sein d’une administration. Il trompe son ennui de fonctionnaire docile en composant des textes sombres et absurdes peuplés d’improbables révolutions.
27.50 PLN