Le Fils du métayer

Le Fils du métayer

Legimi

Un beau roman populaire sur une trame d’aventures sociales et humaines. Etienne est né en 1769 chez un petit métayer. Les dévotions de sa mère, Mariette, aux bonnes fontaines, auront raison d’une grave maladie dont il souffre dès sa naissance. Très tôt secondant son père Toinou, il maniera l’araire et se courbera, faucille en main, sur le champ de blé. Les paysans de son village réduits à un quasi état de servage, soumis aux misères du temps et aux exigences des puissants, ont souffert des privations et ont été quelquefois réduits à manger des fougères. Il ne supporte ces conditions ni pour lui-même ni pour les siens. A 18 ans, il décide de partir « à la maçonne » à Paris. Son courage et son intelligence lui permettent de devenir rapidement compagnon-maçon puis maître-compagnon. Il apprend à lire et écrire et transmet son savoir à d’autres maçons. Pris en amitié par son patron, Morélon, et curieux de tout, il fréquente les Jacobins puis les Loges maçonniques et les Compagnons du Tour de France. Il est à la Bastille, à Versailles et aux Invalides, rencontre un citoyen très actif, avec lequel le lecteur s’immerge dans les événements révolutionnaires, la ferveur patriotique et l’action décisive des artisans des faubourgs. Mais à chaque automne, l’appel du pays se fait fort. Il sait que Noémie, sa jeune épouse l’attend avec le petit Maximilien. A travers ce roman, plongez dans un tableau vivant d’une société paysanne traditionnelle routinière et misérable et de quartiers populaires parisiens en révolte pour le changement social à la veille de la Révolution. EXTRAIT En quittant l’église, les époux s’embrassèrent sous les cloches et on les applaudit très fort. À leur sortie sur le parvis, quelle ne fut pas leur surprise de devoir passer sous une voûte de truelles, de marteaux et de fourches tenus à bout de bras par les jeunes gens et des adultes. Signe de bonheur et de réussite, hommage au paysan et au maçon ! Alors que le cortège, accompagné de la sonnerie des cloches et toujours précédé du chabretaire, reprenait le chemin de Valette, les hommes venus en visite – et même à l’église – se dispersèrent dans les trois tavernes pour y fêter l’événement en compagnie des sonneurs. « Un mariage comme ça, ça s’arrose, nom de Dieu ! On n’en verra plus d’autres à Pageas ! » entendait-on commenter. On n’arriva à Valette guère avant trois heures au pâle soleil, affamé et assoiffé. Dès l’accès à l’airage, deux hommes coiffés d’une serviette nouée aux quatre angles et formant donc quatre cornes comme pour exorciser un écart toujours possible du couple, présentèrent une bréjaude à laquelle les mariés durent goûter, et tous ceux qui le voulurent. Bien en évidence, on avait disposé un poireau et ses racines et une grosse carotte. Au moment où les mariés allaient se servir, un invité avait jeté une poignée d’avoine. Il s’agissait là d’un rituel destiné à assurer la fertilité tout à la fois de la terre et du couple. Quand ils arrivèrent au seuil de la chaumière, on tendit à Noémie un balai de brindilles qui en interdisait l’entrée. Elle dut s’en emparer, balayer la pierre de seuil et rentrer dans la salle pour replacer le balai. Le rite d’accueil et d’agrégation à sa nouvelle famille était accompli. Il fut complet lorsque tous les invités eurent droit à un gobelet de vin. À PROPOS DE L'AUTEUR Originaire du Limousin, docteur ès Lettres et ethnologue de formation, Maurice Robert est issu d’une famille d’artisans-paysans. Il donne ici son premier roman après un essai romancé, quelques dizaines de travaux sur la société rurale et artisanale traditionnelle ainsi que plusieurs ouvrages, tous salués par une presse et un public unanimes : La maison et le village (SELM), Magie, sorcellerie et "guérissage" en Limousin (Lucien Souny), Le Paysan d’autrefois en Limousin (Lucien Souny, 2002), Artisans et métiers d’autrefois en Limousin (Lucien Souny, 2008).

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