La remontrance du tigre
Legimi
Partez à la découverte de la Corée du XVIIIe siècle ! Maquignons, mendiants, moines, poètes, courtisans… Le lecteur part à la découverte de la Corée médiévale. Dans ces courts récits, l’auteur coréen classique Park Ji-won met en scène, à travers quelques anecdotes, la vie de gens issus du peuple auxquels il prête des qualités dont semblent dépourvus les gens de la bonne société. En nous faisant découvrir de nombreux aspects de la vie quotidienne en Corée au XVIIIe siècle, l’auteur, en digne moraliste de son temps, décrit les travers d’une société ancienne peut-être pas si éloignée de la nôtre. Park Ji-won (1737-1805), grand auteur classique, ne fut publié en Corée qu’à partir de 1900 : son irrévérence déplaisait au roi et aux élites dirigeantes. Ses récits d’un ton acerbe ont valu à leur auteur une place dans le panthéon culturel de son pays. Déjà traduite en anglais et en allemand, son œuvre est publiée pour la première fois en langue française. - Prix Daesan de la traduction 2018 - Plongez-vous dans les travers de la Corée de l'époque avec ces nouvelles de l'auteur classique Park Ji-won, traduits pour la première fois en français. EXTRAIT Face à Maître du Mur Nord, le tigre fit une grimace pour vomir aussitôt sur le sol. Il se couvrit le museau et tourna sa tête vers la gauche. Lâchant un long soupir, il déclara : « Confucianiste, comme tu empestes ! » Maître du Mur Nord fit force courbettes et rampa jusqu’au tigre. Il se prosterna à trois reprises avant de prendre la position agenouillée. Relevant finalement la face, il s’adressa au tigre : « Grande est la vertu du tigre ! L’homme supérieur prend pour modèle la façon dont le tigre répond aux défis. L’empereur étudie sa démarche. Les enfants imitent sa piété filiale. Les généraux et commandants s’inspirent de son esprit féroce. Le nom même du tigre est mentionné aux côtés de celui du dragon sacré. Les nuages suivent le dragon tandis que le vent suit le tigre. Comment donc un modeste serviteur de rustique origine tel que moi ose se présenter sous votre vent ? » Nulle surprise à ce que le tigre lui fit cette remontrance : « Ne songe pas à t’approcher ! On dit que les confucianistes sont des flatteurs et des tartufes. Il semble que l’on n’est pas loin de la vérité. D’habitude, vous rassemblez les pires noms sous le ciel et imprudemment nous en affublez, nous autres tigres. Et maintenant que te voilà dans l’ordure jusqu’au cou, tu cherches à me cajoler avec de douces paroles. Qui voudrait vous faire confiance ? CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE Si je devais choisir une nouvelle, je ne pense pas que je saurais en choisir une tant elles apportent toutes un regard sur la Corée du Sud qu'il soit politique, économique, social ou simplement humain. - Blog Les sortilèges des mots À PROPOS DE L'AUTEUR Park Ji-won, également connu sous son nom de plume Yeonam, est un philosophe et romancier de la fin de la période Joseon. C’est l’un des plus grands auteurs classiques de Corée mais qui ne fut publié que tardivement à cause de la teneur de ses écrits. Partisan du mouvement du Silhak, celui-ci se refusait à suivre les normes d’écriture classique et produisait des œuvres très critiques et considérablement éloignées des standards soignés de son époque. Ses voyages en Chine et en Corée lui ont permis de découvrir multiples aspects de la société dont il a dressé des peintures dans ses œuvres, utilisant une langue populaire pour raconter la vie quotidienne du peuple et ses déboires. Cela lui valut une censure de la part des gouvernements en place.
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