La Nuit est mon amie
Legimi
Lorsque passé et présent se confondent et se mélangent, l'héroïne perd pied. Cette fois, pourra-t-elle s'en tirer sans dégâts ? Ce sont les grandes vacances. Rien à faire dans ce bled à part observer les adultes. Avec la canicule, ça devient obsessionnel. Il y a ceux qu’elle aime bien, rares, très rares. Et puis les autres. Elle les déteste tous : les mesquins, les médiocres, les étriqués, les amateurs de ces maudites soirées Intervilles et sardines grillées. Elle méprise ces hypocrites, ces sournois qui affichent une pratique religieuse irréprochable mais se répandent en calomnies. Elle se doit de protéger ceux qu'elle aime et les autres, les plus faibles. Au moindre dérapage, la sanction tombe, terriblement efficace pour régler ce qui ne peut être exprimé, entendu ou réparé. Elle les élimine, l'un après l'autre, simplement, froidement. Juste trop facile, chaque fois. Elle noue ainsi des habitudes dont elle ne pourra jamais se défaire mais elle acquiert la certitude qu’elle restera impunie. "Ils sont tellement idiots, avec leur mentalité déplorable, leurs petites vilenies..." Les apparences sont parfois trompeuses. Plongez dans ce roman noir et suivez la destinée d'une héroïne qui renoue avec la solitude, la colère et les démons de son passé. EXTRAIT Nous regagnons nos chalets. Heureusement ! Au lieu de sombrer dans un sommeil réparateur, je suis restée aux aguets, m’efforçant de saisir, de capter et d’interpréter les bruits du chalet mitoyen. Dans la vie, il y a un temps pour la réflexion et un temps pour l’action. Instinctivement, je sens que celui de l’action est arrivé. J’ai raison. Je résiste au sommeil et mes sens en éveil perçoivent le bruit d’une porte que l’on ouvre, de pas feutrés, de mouvements furtifs. J’attends sans bouger. Je laisse passer de longues minutes puis je me faufile à mon tour hors du chalet. La lune joue à cache-cache. Quand elle montre le quart du bout de son nez, je distingue des silhouettes qui s’agitent autour du car. J’ai compris. Trois silhouettes qui font des allées et venues. Je m’approche à pas de loup en veillant bien à ne pas me faire repérer. Je bute alors sur une grosse branche d’arbre qui gît au pied du tronc. Je m’en empare, la soupèse et considère qu’elle peut me rendre service. Je reste planquée à quelques mètres du car et j’observe. Je ne peux m’empêcher d’être admirative. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE J’ai été complètement happée par ce roman noir au ton très cynique – la voix de la narratrice est vraiment savoureuse, on ne peut qu’adhérer à son regard sur le monde qui l’entoure – où l’on se retrouve à suivre le parcours d’une tueuse en série peu ordinaire. En ces jours de canicule, je vous conseille donc la lecture de ce roman paru aux éditions Lucien Souny. - N aurile, Les lectures de Naurile À PROPOS DE L'AUTEUR À l'origine de ce premier roman noir, Annie Giraud s'est attaché à observer le quotidien et le mal qui puise ses sources aux mêmes causes - basiques, répétées, voire obsessionnelles. Associées à la détresse, certaines situations - enfermement, isolement, situations climatiques hors-normes - favorisent les dérapages. Annie Giraud s'intéresse tout particulièrement à l'origine du mal-être, surtout lorsqu'il est installé depuis l'enfance. L’enfant, avec son pouvoir d’observation, sa justesse de constat et sa grande simplicité d’action, apporte des réponses élémentaires, infaillibles pour régler ce qui ne peut être exprimé, entendu, réparé. L'auteur joue avec les nerfs du lecteur en exploitant une violence rationnelle, froide et redoutablement efficace, et, au moment du dénouement, en le ramenant dans un monde normalisé.
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