La Cage
Legimi
Méfiez-vous des détails étranges qui ont lieu autour de vous ou de certains objets, car cela pourrait mal finir... Dans son mausolée de fer, il attendait, dans son sarcophage merveilleux et cauchemardesque, cet ultime refuge de bois précieux qu’avait sculpté à son image, empli d’une crainte respectueuse et indicible, un de ses fidèles, artiste aussi prodigieux qu’anonyme. Enfermé dans ce cercueil, Il s’était défait de sa substance, nul n’aurait su, nul n’aurait eu la prétention de décrire ce qu’il était. Ce qui avait fait de lui un être humain n’était plus qu’un amas d’ossements et de chairs tannées qui avaient acquis la sèche raideur d’un cuir défraîchi. Depuis des lustres qu’il s’était éteint, la mécanique de son corps avait cessé de fonctionner. Il avait fini usé et souffreteux, épilogue sans gloire d’une existence de près d’un siècle vouée à l’intimité de tout ce qui terrifie les gens normaux, les gens sans pouvoirs. Il avait été un sorcier puissant, un mage révéré, ses prophéties étaient reconnues à des lieues à la ronde, ses envoûtements, ses sorts ne laissaient aucune chance à ceux qui en étaient la cible. Découvrez ces nouvelles fantastiques captivantes qui nous tiennent en haleine et qui donnent la chair de poule... EXTRAIT Il redescendit et entreprit de pilonner de son lourd marteau ce qu’il supposait être une cloison. De fait, ça cachait un creux, ça résonnait très fort, plus que les trois autres faces sur lesquelles il avait aussi tambouriné pour comparer le son. Un point résolu. En revanche, il présuma que ça n’allait pas être du gâteau pour aller examiner ce qu’il y avait derrière, sa frénésie avait à peine réussi à égratigner la surface du crépi. Ça l’énerva, il se remit à cogner comme un sourd sur cette stupide matière inerte, n’en arrachant que de misérables éclats. Une fois trempé de sueur, il déclara forfait et quitta les lieux, frustré. Au voisinage de l’hyène tachetée, il se força à ne pas regarder mais, ce qu’il refusait de regarder, il le vit du coin de l’œil, en vision latérale un peu floue : la statue tombée avait changé de place, oh, pas beaucoup, cinq ou dix centimètres, mais elle oscillait doucement, roulant sur la tranche de son socle rond, entre les pattes antérieures de la vilaine grosse bête qui semblait le défier de son affreux sourire cannibale. À PROPOS DE L'AUTEUR Bernard Géhin a mené une carrière d’informaticien industriel. Il a vécu à l’étranger dans le cadre de son activité professionnelle, en particulier dans les pays de l’Est. Il est musicien, auteur compositeur et interprète. Il s’est essayé à l’écriture depuis qu’il est en retraite. Il a déjà publié notamment Les fantômes de la zone rouge aux éditions Baudelaire et Henri Soldat inconnu.
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