L'héritage déjanté du Pourquoi Pas ?
Legimi
Un monument du journalisme belge ! …un journal belge, résolument atypique, qui traitait l’actualité avec une allègre insolence – et la gaudriole avec le plus grand sérieux ! Ses lecteurs ne savaient pas toujours où se terminait l’info pour faire place à la fumisterie, mais cet hebdomadaire était pour eux une véritable institution. Ils y trouvaient l’esprit frondeur des belles années qu’on appela « les Trente Glorieuses ». L’époque actuelle est peut-être moins espiègle. Et le « Pourquoi Pas ? » fut assassiné en 1988, au grand soulagement des hommes politiques qui guettaient ses articles avec un intérêt mêlé d’inquiétude. Pourtant, l’esprit du « P.P. » n’est pas mort. Un survivant de son ancienne équipe sévit toujours – dans les pages d’un magazine parisien – et perpétue une tradition d’humour baroque, peu soucieuse du politiquement correct. En cet ouvrage, il a réuni pour vous ses anciennes et récentes productions, dont l’air de famille est évident. On y découvre des délires vrais et des vérités délirantes. Ce qui permet de s’instruire… en se bidonnant ! (Re)découvrez cet hebdomadaire belge atypique et déjanté, à travers une série d'anciennes et récentes productions d'un des survivants de l'équipe du Pourquoi Pas ? EXTRAIT Il n’y avait plus que nous, désormais, sur l’étendue glauque des eaux agitées. Nous, c’est-à-dire l’Arche, ma femme et moi, mes fils, mes brus, mes petits-enfants, nos bestioles… et un curieux sentiment de solitude cafardeuse. Chacun se sentait maussade. Faut dire que, dehors, le temps ne s’améliorait pas. Chacun se disait « Y’a plus de saisons ! » Mes brus avaient le mal de mer. Les animaux poussaient des glapissements indignés. Pour comble, l’Arche donnait de la bande. Elle penchait sensiblement, oui, sur tribord. C’était inconfortable et ça pouvait devenir dangereux. Je fis venir Cham, responsable de l’arrimage : — Fiston, dis-moi, comment as-tu réparti les animaux ? — Par familles, bien entendu. Les félins d’un côté, les canidés ailleurs, les palmipèdes à l’avant, les gallinacés derrière… — Et les pachydermes ? Tu n’as pas groupé les pachydermes ? — Les quoi ? Ah oui… Eh bien si, naturellement, tous ensemble : les éléphants, les hippos, les rhinos, les chevaux, les cochons, les tapirs, la belle-mère de Sem… — Crétin ! Triple buse ! Tu les as tous casés à tribord, je parie ! Regarde le résultat : l’Arche peut chavirer à tout moment. Allons, c’est malin, il va falloir tout changer. Prudemment, d’ailleurs. Vivement, au boulot ! A PROPOS DE L'AUTEUR Anversois de naissance, Ardennais d’adoption, Charles Turquin fut journaliste par devoir et conteur par goût. Avant ou après cela, il fut occasionnellement vendeur de frigos, historien vélodidacte, tankiste frustré, abonné au gaz, poète à ses heures, fauché permanent, amant passionné, mari déçu, papa-gâteau, escrimeur gaucher, cavalier solitaire, homme de peine pour fille de joie… et marin au long cours, le tout sous divers pseudonymes ou déguisements. En fait, il aime raconter de belles histoires, qu’elles soient véridiques avec une touche d’absurdité… ou froidement podosucées pour pasticher le réel. Le résultat se découvre avec jubilation ou exaspération, selon le tempérament du lecteur.
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