L'Auberge des glycines

L'Auberge des glycines

Legimi

Propriétaire de l'Auberge des Glycines et amante d'un homme riche, la vie d'Emma Célérier change lorsqu'un curieux visiteur arrive à l'auberge... La pimpante Auberge des Glycines jouit d’une excellente réputation. Emma Célérier, âgée d’une trentaine d’années, en est devenue propriétaire après avoir rencontré René Bachou. Cet homme marié, riche et autoritaire, capable de violence autant que d’amour, est tombé éperdument amoureux de la jolie et douce femme. Mais, au lieu de lui proposer une union, il lui a offert une corbeille : une propriété et de quoi vivre par elle-même. Elle est ainsi devenue la maîtresse officielle de René, assez influent dans son pays pour qu’un tel statut soit connu et toléré, dans une complicité silencieuse dont seuls les gens de pouvoir peuvent bénéficier. Ainsi va la vie d’Emma, jusqu’au jour où un pensionnaire inattendu arrive à l’auberge. Roger Poux aborde ici un thème souvent occulté dans les campagnes : celui de la toute-puissance d’un homme riche et pourvu de relations qui s’affranchit des normes de conduite. Cette histoire palpitante et passionnée nous offre des personnages romanesques inoubliables dans un cadre bucolique et nous entraîne au cœur de la vérité des êtres. EXTRAIT Emma s’avança sur la route. L’après-midi s’achevait, une douce fraîcheur montait des prés. Elle se tourna vers son auberge. Maupas avait terminé seulement aujourd’hui la dernière touche à la peinture de la façade, peaufinant l’enseigne « L’Auberge des Glycines ». Modifiant un reflet qui ne lui convenait pas, presque agaçant dans un même geste sans cesse répété. Presque contrariant par une réflexion qu’il avait répétée deux ou trois fois. — A votre place, je n’aurais pas choisi un nom pareil pour une auberge avec trois chambres aussi belles et aussi confortables. J’aurais plutôt pensé à l’Hôtel des Voyageurs ou j’aurais pris un nom semblable à ce qui se fait maintenant dans le guide Michelin. Il avait dit ça en la regardant de son air finaud avant de grimper sur son échelle double et de commencer à dessiner l’enseigne. Emma n’aimait pas beaucoup Maupas. Il avait une façon déplaisante de la détailler. Ses petits yeux porcins s’attardaient un peu trop sur sa poitrine, malgré sa face ronde et rose coiffée d’un bonnet en forme de calotte qui lui donnait une apparence bon enfant. Mais Maupas n’avait pas son pareil pour dessiner les lettres des enseignes et surtout pour gâcher le plâtre, ce qui lui valait ce surnom de « plâtrier ». En parlant de lui à Lessac et autour, on disait « le plâtrier », certains allant jusqu’à le saluer par ce surnom sans qu’il s’en offusque. Sa renommée se renforçait avec son art de réaliser des décors. C’était de cela qu’il était fier plus que du reste, et il ne se vantait pas quand il disait qu’on le réclamait jusqu’à Limoges. Son épouse tenait l’Auberge du Foirail à Lessac. Un établissement dont la table était assez réputée pour que chaque dimanche et chaque jour de foire on y refusât des clients. Le talent d’un cuisinier qui passait pour être l’amant de Raymonde Maupas y était pour beaucoup. Le plâtrier disait en plaisantant publiquement être le plus grand cocu de Lessac et, par manque de modestie, sachant que l’exagération en comédie permet de parler de sujets bien réels sans qu’on les prenne au sérieux, il trouvait bon de préciser « comme le plus grand que la terre eut jamais porté ». Pour ce mépris de sa vie privée plus que pour la manière dont il la dévisageait, Emma éprouvait pour Maupas un sentiment qui n’était pas loin de l’aversion et qu’elle manifestait par une attitude très réservée. À PROPOS DE L'AUTEUR Originaire des Charentes, Roger Poux a exercé le métier d’instituteur dans l’Oise. À la retraite, il est revenu sur ses terres charentaises pour y puiser la matière de ses romans. Il vit aujourd’hui à Tusson.

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