Jours tranquilles à Jérusalem

Jours tranquilles à Jérusalem

Legimi

Retour sur l'écriture d'une pièce de théâtre au sujet explosif. 2015, à Jérusalem. Alors que la situation est plus tendue que jamais dans cette ville divisée entre Israéliens et Palestiniens sous le regard impuissant des Nations Unies, un étrange projet naît dans la tête de héros contemporains. Il s’agit de monter une pièce de théâtre avec des acteurs de Jérusalem, de Cisjordanie et de Galilée, qui retrace à la fois la longue souffrance de ceux qui ont perdu leur terre dans la nakba (la catastrophe) mais aussi celle de ceux qui ont perdu leur famille dans la shoah. L’auteur franco-égyptien et co-directeur du Théâtre des Quartiers d’Ivry, Adel Hakim demande au dramaturge Mohamed Kacimi de l’accompagner dans l’aventure de la création de sa pièce : « Des Roses et du Jasmin», au Théâtre National Palestinien de Jérusalem. Ce dernier tient ici la chronique de cette mise en scène impossible, du mois de février au mois de juin 2015. Espoir, découragement, doute, géopolitique implacable, enthousiasme renaissant, clivage indépassable, clivage dépassé, leçon de vie, leçon d’humanité. Comme à son habitude, Mohamed Kacimi n’est pas avare de détails signifiants et d’anecdotes burlesques, entre humeur douce-amère et témoignage poignant. Un document de première main sur la genèse d’une pièce qui rencontre un très grand succès sur les scènes françaises et européennes. EXTRAIT Mercredi 11 février 2015 Il fait un froid de canard à Jérusalem. Nous travaillons depuis une semaine dans une petite salle, encombrée de gradins bleus couverts de poussière et de manuscrits. La lumière est faible, le chauffage en panne, et le sol jonché de mégots et de gobelets écrasés. Autour de la table, huit comédiens fument à tombeau ouvert. Ils lisent la dernière pièce d’Adel Hakim : « Des Roses et du jasmin ». Le texte d’Adel est une fresque épique, portée par le souffle d’une tragédie grecque. Il balaie soixante ans de l’histoire tumultueuse de la création de l’état d’Israël et des drames du peuple palestinien : en 1944, Myriam, une jeune femme juive qui a fui l’Allemagne pour rejoindre Jérusalem, rencontre John, un officier britannique. Ils ont une fille, Léa. Mais John est tué lors de l’attentat contre le King David, commis par l’organisation de l’Irgoun, à laquelle appartient Aaron, le frère de Myriam. Vingt ans plus tard, et malgré la forte opposition de ce dernier, Léa épouse Moshen, un jeune homme palestinien. En 1988, Yasmine et Rose, les filles de Léa et Mohsen, se retrouvent dans deux camps opposés, l’une soutient l’Intifada, et l’autre est engagée dans l’armée israélienne. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE Un de ces exemples de fraternité dont nous avons tellement besoin de nos jours... - 20 minutes À PROPOS DE L'AUTEUR Mohamed Kacimi, né en 1955 à El Hamel, est écrivain et dramaturge, installé à Paris depuis 1982. Il a publié plus d’une quinzaine de romans dont La confession d’Abraham (Gallimard Folio, 2012) et L’Orient après l’amour (Actes Sud, 2009, prix de littérature Armorice). Auteur d’une douzaine de pièces de théâtre, il reçoit en 2005 le prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques de la francophonie.

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