Je veux aller dans cette île

Je veux aller dans cette île

Legimi

Découvrez les épisodes dramatiques, pittoresques, ou franchement comiques, qui émaillent la rude existence des îliens. Sur l'île de Nag'ildo, le grand-père de Ch'ôr'i lui révèle que la naissance voit les humains descendre sur Terre, puis retourner au milieu des constellations lorsqu'ils meurent. Lorsqu'il devient père à son tour, il le révèle à la petite Song'i. Ce que Lim Chul-woo restitue ici avec une immense tendresse, c'est l'authenticité des relations humaines dans ces communautés villageoises isolées du monde moderne qui apparaît à l'évidence et nous touche infiniment. EXTRAIT – L’esprit descend chez une personne qui va devenir mudang fidèle… ça, je l’a déjà entendu, mais pas possible que ç’arrive chez la mère Ŏpsun. Je veux dire, qui aurait pu imaginer ça ? – Vraiment, qualle histoire étrange ! Est-ce qu’y aurait pas déjà eu des antécédents de mudang du côté eud sa famille à elle ? – Y a pas eu du tout ce genre d’ascendance, à ce qu’y paraît. D’après la rumeur, c’est plutôt les esprits eud sa belle-famille qui l’ont possédée, pas ceux eud sa propre famille. – L’esprit eud sa belle-famille l’a possédée, tu dis ? – C’est ça. Il paraît que les esprits eud feu son beau-père et eud feu sa belle-mère et, en plus, l’esprit eud feu sa belle-sœur, la jeune fille qu’est morte noyée3, ils l’ont possédée tous à la fois. Hé, paraît que c’est la mère Ŏpsun alle-même qu’alle a dit ça. – Oh, mon Dieu ! C’est mâme pas un seul, mais trois esprits qu’ils l’ont possédée, mais ça alors, comment fare ? – Tu parles de fare quoi, toi ! Nous, on a qu’à regarder le spectacle et à manger du gâteau eud riz, et c’est tout ! En tout cas, ce soir, la partie de kut, ça va être vraiment qualque chose ! » Dès potron-minet, les parages du grand puits bruissaient de rumeurs. Les femmes, venues chercher de l’eau, avaient posé leurs cruches et, par petits groupes, faisaient du tapage, se racontant les unes aux autres l’histoire de la mère Ŏpsun. C’était en effet réellement une histoire surprenante et passionnante. Dans notre village vivaient côte à côte une centaine de foyers dont les toits, semblables à des coquillages, se touchaient. Le village entier semblait être agité par la curiosité et l’attente du kut qui devait avoir lieu cette nuit-là. La grave affaire de la mère Ŏpsun semblait soudain provoquer une agitation étrange chez les habitants, qui d’ordinaire vivaient dans la lassitude et le désœuvrement. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE Un livre étonnant, drôle et tendre, et terriblement authentique. On a devant les yeux un village traditionnel de Corée en dehors de tout circuit touristique. L'auteur n'édulcore pas la réalité souvent difficile, mais en même temps on sent une nostalgie et un attachement à ce moment de sa vie et à cette vie ainsi qu'à ses valeurs. Et l'humour est omniprésent. L'écriture est étonnante et participe beaucoup à la réussite de l'ensemble, une grande part doit en revenir à la traductrice. Une réussite et un grand plaisir de lecture. Je ne vais pas tarder à me procurer le deuxième livre de l'auteur disponible en français. - 5Arabella, Babelio À PROPOS DE L'AUTEUR Lim Chul-woo, né en 1954, publie sa première nouvelle, Voleur de chien en 1981 et se fait rapidement connaître grâce à de nombreuses œuvres (dont La Terre de mon père, publié en français sous le titre Terre des ancêtres chez Imago en 2012). Je veux aller dans cette île (publié en français à l'Asiathèque en 2013) lui a gagné les suffrages du public coréen et un film en a été tiré ( To the Starry Island) dont il a été le coscénariste avec Lee Chang-dong et le réalisateur, Park Kwang-su. Il est l'auteur du Phare (publié en français à l'Asiathèque en 2015).

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