Honneur et disgrâce

Honneur et disgrâce

Legimi

Suivez le destin de deux hommes dont les actions sous l'Occupation allemande furent guidées par leurs rivalités. Ils se connaissent bien, ont travaillé ensemble, s’apprécient, mais la guerre fait diverger leurs trajectoires. Une rivalité politique qui se double d’une rivalité amoureuse. Jusqu’où la folie de cette période sombre de l’Histoire peut-elle mener ? Incroyables retournements de situation, accusation à tort, jusqu’au désastre d’un combat sans vainqueur qui pèsera lourd sur la génération suivante. Dominique Chryssoulis a mené patiemment une enquête à travers différents services d’archives où elle a glané une abondante documentation sur les membres de sa famille impliqués dans ces pages sombres de l’Histoire de France qu’ont été l’Occupation allemande durant la guerre de 1939-1945, l’Épuration et les années d’après-guerre. Elle a retranscrit sans les modifier les textes qu’elle y a trouvés ainsi que les propos des protagonistes dans un souci de rigueur historique. Afin d’offrir à ses lecteurs un récit vivant, aussi fidèle que possible à la réalité, elle a scénarisé les réunions publiques ainsi que les deux procès concernant son grand-père tout en respectant fidèlement leur déroulement et leur contenu. Constatant qu’à cinq ans d’intervalle, les mêmes témoins apportaient un éclairage différent sur les mêmes faits, elle a mis en évidence la subjectivité et la fragilité de tout témoignage. Plongez-vous dans ce récit historique prenant, empli d'informations et mené comme une enquête, qui suit la destinée d'une famille durant la Seconde Guerre mondiale. EXTRAIT Dans les récits de ceux qui ont côtoyé le préfet Tomasi, une constante saute aux yeux : la peur qui ne cesse de l’habiter. Une peur que je peux comprendre, dans sa situation : pression de l’État-Major allemand et de la Gestapo, pression du Gouvernement de Vichy, pression du Préfet régional, pression de la Légion, du Service d’Ordre de la Légion, de la Milice, pression de la population, à une période où la vie personnelle de Tomasi traverse une crise grave. Autre élément récurrent : les initiatives contre les réfractaires au STO et le maquis ne sont pas de son fait, et il agit en sorte d’en limiter la portée. Figueras, son principal accusateur, l’écrit lui-même : Il m’apparaît aujourd’hui que le rôle d’instigateur que j’attribuais à Tomasi ne lui incombe pas. Henri Cassin déclare en 1945 : il n’était pas de taille à contrer les mouvements de Résistance solidement établis dans le département. Le Préfet régional Angeli écrit en 1949 : L’administration de Monsieur Tomasi ne lui a pas laissé une goutte de sang sur les mains. Autrement dit, le préfet Tomasi n’a pas été un Préfet résistant, à l’inverse de son prédécesseur Alfred Goliard, mort en déportation en 1945. Il a exécuté les ordres de ses supérieurs sans excès de zèle, mais sans s’y opposer. Il a fermé les yeux sur les activités de ses collaborateurs quand ceux-ci étaient notoirement résistants. Il a, en 1943, reçu avec soulagement l’annonce de sa mutation d’office comme Conseiller à la Préfecture de la Seine. À Lons-le-Saunier, sa tâche lui était devenue insupportable. Mais il n’a pas été à la solde de l’occupant. Les accusations d’intelligence avec l’ennemi et de mise en danger de la sûreté de l’État ont été un verdict qui excédait la portée de ses actes.

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