Gracchus Babeuf et Jean Calvin font rentrer la poésie avec l'histoire dans la ville de Noyon
Legimi
Imaginons demain des architectes historiens intervenant dans les villes à la mémoire désassemblée. Non pas des architectes de monuments historiques habilités à constater la dégradation des façades, les maladies de la pierre, l'impact des fumées automobiles sur le nez des Vierges à l'enfant, mais des hommes d'imagination, plus visionnaires que conservateurs. On les appelle, ils viennent ausculter à l'oeil nu le paysage, après avoir beaucoup lu dans la bibliothèque municipale, remué la poussière des archives, après avoir parlé avec les habitants, puis ils suggèrent un plan de dialogue, quelque chose liant la mémoire des lieux les uns aux autres, places, rues, monuments. Ils parleront « d'immobilier de la mémoire » plutôt que de « mobilier urbain », ainsi que réagissent banalement les municipaux qui cherchent à améliorer leur décor sans gaspiller les finances locales. La finesse du traitement vaudra mieux que la brutalité ou la franchise car les communautés aiment moins que tout sur elles-mêmes la vérité, lui préférant la flatterie, le sucre. À PROPOS DE L'AUTEUR Jacques DARRAS, né à Bernay-en-Ponthieu (Somme) en 1939, est professeur de littérature anglo-américaine à l’Université de Picardie. Après des études à la rue d’Ulm à Paris, il a publié les quatre premiers chants d’un long poème ( La Maye I, Le petit Affluent de la Maye II, L’Embouchure de la Maye dans les vagues de la Manche III, Van Eyck et les rivières IV), des essais ( Le Génie du Nord, La Mer hors d’elle-même) et des traductions ( Ezra Pound, Walt Whitman, Malcolm Lowry). Il est également le premier Français à avoir prononcé les Reith Lectures à la BBC en 1989, lors du bicentenaire de la Révolution française. Il dirige la revue In’hui depuis 1979.
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