Des barreaux aux fenêtres
Legimi
Complicité poignante entre une mère de famille et une ancienne religieuse, en quête de liberté... Je suis un asticot, même pas une mouche. Je rêve d’être une mouche. Je me débats, me tortille, rampe. Il me manque des ailes. Une mère de famille isolée croise le chemin d’une ancienne carmélite. Entre elles s’installe une complicité, une compréhension intime. Ensemble, elles découvrent la place fondamentale de la culpabilité, de la souffrance et de l’enfermement dans leur vie. Contemplation, extase. Sybille me comprend. Le choix de sa prison, c’était le choix de cette liberté-là, aussi absurde que cela puisse paraître. Au Carmel, sa tâche presque unique, son devoir, c’est la prière. Quelle liberté, n’est-ce pas ? Ce roman, traitant avec brio de l’isolement, saura vous toucher au fil de ses pages. EXTRAIT Je suis un asticot, même pas une mouche. Je rêve d’être une mouche. Je me débats, me tortille, rampe. Il me manque des ailes. On me les a arrachées. Ou je les ai brûlées. Je ne sais plus. Je sais que je suis collée au sol. Un coup de tapette et je m’épands. Je l’attends. Les enfants dorment depuis longtemps. La vaisselle est faite, chaque chose est à sa place. J’ai terminé mon roman. Une histoire de château, d’amour, de bris de vies. Le livre refermé, les personnages me quittent doucement. Je reviens à moi. Revenante. C’est son heure. Soirée tennis entre potes, plus ou moins arrosée selon son humeur. J’entends sa clef dans la serrure. Ses pas dans le couloir. Sa veste jetée en travers du portemanteau. Il fouille les casseroles, ouvre une bouteille. Ding du micro-ondes. Coups de fourchette, coups de couteau. Il repousse son assiette sur la table, se sert un deuxième verre. Un troisième. Monte les escaliers. Salle de bain. Ses vêtements tombés sur le sol. Ses pas plus sourds, pieds nus. Il pousse la porte de notre chambre. Lumière. Tire le drap. Ouvre les yeux, je sais que tu ne dors pas. Je me tourne, le regarde. Il évite mon visage, s’attarde sur ma bouche, mes seins, mon sexe. Se branle. Dépose son verre de vin sur la commode. Retourne-toi. CE QU’EN PENSE LA CRITIQUE - « Un bref et magnifique roman. L’auteure décrit avec une grande finesse le désarroi intérieur de son héroïne socialement et culturellement conditionnée dans une vie dont elle était prisonnière sans en voir les barreaux. » (L’Avenir) A PROPOS DE L'AUTEUR Philosophe de formation, Fidéline Dujeu a commencé à écrire il y a quinze ans en explorant tout d’abord le roman. Elle a parallèlement mis sur pied des ateliers d’écriture créative. Son travail d’animation est toujours empreint d’un grand désir de création qui l’amène à des projets variés et très riches mêlant les disciplines. Du théâtre à l’art plastique en passant par la photographie, elle multiplie les partenariats pour donner naissance à des œuvres originales. Elle a accompagné des publics divers (enfants, adolescents de l’enseignement spécialisé, adultes en décrochage, etc.) dans l’écriture et la mise en scène du texte, de la lecture à la création théâtrale. Son écriture personnelle reflète une préoccupation constante des relations humaines, elle explore aussi bien les amours complexes que les relations intrafamiliales. Son roman Guère d’hommes a reçu le prix des Usagers des Bibliothèques Publiques du Hainaut, son roman Angie a reçu le prix FrancsAuteurs. Pour en savoir plus sur l'auteur rendez-vous sur son site : http://fidelinedujeu.net/
40.57 PLN