De quel temps parlez-vous ?

L'histoire d'une femme et d'une époque, d'un temps révolu que nous ne connaîtrons plus... Je vous parle d'un temps... Un temps où les jeunes filles n'avaient pas d'autre perspective que le mariage avec un jeune homme « bien sous tous rapports », Un temps où une femme était montrée du doigt lorsqu’elle avait eu le malheur de "faire un enfant toute seule", Un temps où les secrets se conservaient au fond des tiroirs, Un temps où l'on ne parlait pas. Quelques-unes ont dû faire face, travailler, élever leur enfant du mieux possible et sans beaucoup d'aide. Peut on se reconstruire quand on a mal commencé sa vie ? Peut-on devenir un jour une femme battante, débarrassée des tabous et des conventions étriquées ? Une femme libre ? Laissez-vous emporter par cette peinture romanesque et différente des Golden Sixties. EXTRAIT Je trouvais que Bernard était un type exceptionnel : il avait voyagé, il jouait de la guitare, de la clarinette, du piano, de l’harmonica. Il écrivait des chansons, peignait aussi sur toile ou sur soie. Il pratiquait le ski et l’équitation. Après un début d’études en médecine, il était actuellement étudiant en chirurgie dentaire. Bernard avait 27 ans et ces quelque huit ans d’écart entre nous me soumettaient complètement à son influence. Il avait une telle expérience… que je n’avais pas, l’art de tourner le compliment, de la courtoisie, un côté “Vieille France” qu’accentuait son costume strict. Sa culture me semblait immense, son intelligence extraordinaire, sa sensibilité surprenante. Quand il me parlait des personnes qui avaient compté dans sa vie, il ajoutait avec un très beau sourire : — « Maintenant il y a quelqu’un d’autre dans mon cœur” Lorsque je lui disais : — « Je te devine. Mais tu as un caractère bien compliqué” ». Il se réfugiait dans un silence obstiné puis demandait presque fâché : – « Comment le sais-tu ? » Nous parlions ensemble, longtemps. Nous nous taisions ensemble. J’adorais poser ma tête sur son épaule bien au chaud dans l’odeur de lavande. Je me demandais avec effroi : — « Qu’est-ce qui va m’arriver ? » Il chuchotait : – « Mon chou… Ma chérie... ; » Je le regardais avec émerveillement. J’étais amoureuse. À PROPOS DE L'AUTEUR Née en 1945, fille naturelle et notée à l’état-civil de père inconnu, Régine Fournon-Gohier a été élevée par sa mère et sa grand-mère. Après la naissance de sa fille, elle devient institutrice à Paris dans les années 70. A 35 ans, elle reprend des études universitaires, suit une psychanalyse et devient psychologue.