Une âme sans peine
Legimi
Une prostituée parisienne aux clients haut placés se retrouve traquée et menacée... Il est difficile de « résumer » cette histoire dont l’intérêt est, selon moi, « l’éparpillement » des temps et des sentiments. Mais je tente : Une femme, dont la beauté est appréciée par le gotha parisien, vend ses « charmes » à domicile avec doigté et professionnalisme jusqu’au jour où son jeune frère la rejoint, ébranlant son quotidien et sa pensée et, par ailleurs, les politiciens la traquent avec des menaces précises. Un homme d’expérience, ramené par son jeune frère, la tirera-t-il de ces pièges ? Qui sont les clients de Nadia et quelles sont leurs intentions ? Découvrez le quotidien d'une femme prête à tout pour garder son indépendance, dans ce thriller empli de dangers inconnus ! EXTRAIT Les mêmes yeux sont devant elle. Ouverts au savoir. Virant légèrement au violet quand ils se sentent impuissants. Elle soupire, Nadia. Jeannot comprend qu’il encombre. — L’hôtel, tu sais, j’y suis pas allé. Je t’ai ramené les sous… J’aurais pas su comment me comporter. Alors, j’ai dormi par terre, près d’un vieux clochard qui grelottait. Il m’a dit d’approcher et il m’a pris dans ses bras. Il m’a serré toute la nuit. Son gros rouge, il a voulu m’en refiler. Ça l’a fait rire que je repousse la bouteille… Il croyait que j’étais dégoûté… Moi, la vinasse… Il parle. Longtemps. Nadia l’écoute. Pas un mot ne lui échappe. Pas une expression… Sa gestuelle… Ses mimiques… Elle sent que le piège se referme sur elle. Mais où est le mal ? — Tu voudrais dormir ici, c’est ce que tu es train de me dire ? — Non, il m’attend, le vieux. Il serait déçu et s’il mourrait de froid… — Il ne t’a pas touché au moins ? — T’as vraiment l’esprit mal placé, comme aurait dit Maman. Le rire de Nadia le rassure. Elle s’inquiète pour lui, l’hiver n’est pas clément. Rien de plus. Alors, il rit avec sa sœur. Même après, dans leurs yeux, le rire persiste tandis qu’ils finissent le gâteau aux châtaignes. — Repose-toi. Je fais la vaisselle. C’était toujours moi à la maison, — Moi aussi. Mais j’ai la machine… — C’est chiant, la machine, on attend des heures comme des cons ! Nadia n’hésite plus : elle prend son frère dans ses bras. Il la repousse fermement mais sans violence. — Tu as honte de moi ? — Oh non ! Qu’est-ce que tu vas chercher ? Seulement, j’ai pas l’habitude. Sa poitrine se soulève sur un rythme accéléré. Va-t-il pleurer ? Nadia juge bon de le laisser seul. Mais il se jette à ses pieds, enserre ses jambes, pose la tête sur les cuisses de sa sœur. — Faut pas que tu croies… Je sais pas, moi, ces trucs qu’on raconte sur toi, qu’est-ce que je m’en fous ! Il cache son visage. — Dès que je t’ai vue, c’était Maman qui était là, je t’ai aimée tout de suite. C’était pas facile. Je me suis dit que j’allais être un boulet pour toi. — Je préfère quand tu ris. Qu’on soit bien d’accord là-dessus : moi non plus, les démonstrations, je n’en ai pas l’habitude. À PROPOS DE L'AUTEUR Né à Ajaccio en 1930, Paul Vecchiali est diplômé de Polytechnique Promotion 1953. Devenu cinéaste dès 1961. 70 films au compteur dont 30 longs-métrages. Parmi lesquels Once More, Rosa La Rose, Fille Publique. Auteur aussi de quelques romans, dont Calme était la mer, La pieuvre par neuf, Quand meurt le fantastique, L’affaire Pallas ou Indécente Mémoire.
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