Un Siècle en cinq actes
Legimi
« Il n'est pas d'art plus subordonné à la mémoire que le théâtre. Et pas seulement parce que les acteurs sont censés connaître leur texte «par coeur», ce qui fascine le profane et est en réalité le cadet de leurs soucis. Si le théâtre dépend d'une mémoire, c'est de celle de ses spectateurs. On ne rappellera jamais assez que tout un chacun, grâce aux techniques d'archivage modernes, peut se doter d'une culture littéraire, musicale, cinématographique, plastique au prix d'une immersion dans un musée imaginaire rendu possible par le développement des supports mécaniques. Dans le théâtre, rien de pareil, parce que rien ne permet de conserver une représentation à l'identique, qui suppose la coïncidence de deux consciences en action, celle de l'acteur et celle du spectateur, et puis la décantation, dans le souvenir de ce dernier, de ce qu'il a vu, capté, éprouvé, éléments singuliers, au surplus, liés à sa propre subjectivité, à sa propre réserve d'expérience et de culture qui lui font enregistrer certaines choses et pas d'autres, différentes de celles que ses voisins ont, pour leur part, retenues. On peut en conclure un peu vite que faire dès lors l'histoire du théâtre est chose impossible. Il se trouve que l'on ne se résout pas à cette amnésie, que l'amour du théâtre est le plus fort, que le désir de le prémunir de l'oubli l'emporte sur le constat de carence. Cette contradiction est la base de notre entreprise: retracer cent ans de théâtre en Belgique francophone, ces cent années qui constituent l'essentiel de cette activité dans nos contrées. Paul Aron et Cécile Michel, au départ de documents, s'entendent à concrétiser ce qui s'est depuis longtemps dissipé dans le passé. Pour la période charnière des années 40-60, la contribution de Philip Tirard s'imposait: ne lui doit-on pas un livre remarquable sur l'aventure centrale de cette période, celle du Théâtre National des origines? Pour la période plus proche d'aujourd'hui, Nancy Delhalle et moi avons pu nous fier à notre expérience personnelle...» Jacques De Decker À PROPOS DES AUTEURS Paul Aron, directeur de recherche au FNRS et professeur à l'ULB, a écrit plusieurs ouvrages et articles sur l'histoire de la littérature belge de langue française. Cécile Michel prépare une thèse de doctorat concernant l'Histoire des théâtres francophones à Bruxelles de 1918 à 1950 et travaille comme rédactrice au Théâtre National de la Communauté Wallonie-Bruxelles. Philip Tirard (1956-) est journaliste. Après avoir collaboré au Pourquoi Pas ?, il a participé, en 1983, au lancement de l'hebdomadaire Le Vif (-L'Express) dont il a dirigé la rubrique culturelle pendant treize ans. Il s'y est notamment spécialisé dans la critique théâtrale, qu'il exerce à La Libre Belgique depuis 1996. Il est l'auteur d'une évocation biographique de Jacques Huisman, Des souvenirs et des masques, parue chez CFC-Éditions en 1996. Romancier, dramaturge, traducteur et critique, Jacques De Decker est Secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique et Président du Centre belge de l'Institut International du Théâtre - Communauté française. Doctorante, boursière du FNRS, Nancy Delhalle est membre du comité de rédaction de la revue Alternatives théâtrales et vice-présidente du Centre belge de l'IIT - Communauté française.
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