Trois Égyptiens à Paris

Trois Égyptiens à Paris

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Trois amis égyptiens déchiffrent les mythes modernes que diffuse avex exubérance l'Exposition Universelle de Paris en 1900. 1900. L’Exposition Universelle de Paris bat son plein. Parmi la foule des visiteurs, un écrivain égyptien, Mohammed al-Muwaylihî, francophone, fin lettré, tout acquis aux idées des réformistes de la Renaissance arabe. Venu déjà comme exilé à Paris vers 1884, il y débarque seize ans plus tard et se livre à un curieux déchiffrage des mythes modernes que diffuse avec exubérance l’espace fantasmagorique de l’Exposition. Mais au lieu de produire une simple relation de voyage, l’auteur préfère très habilement projeter à Paris trois amis inséparables, sortis tout droit de son précédent roman, Ce que nous conta ‘Isâ Ibn Hichâm, chronique satirique d’une Égypte fin de siècle. Ils échangent leurs impressions à propos de tous les spectacles qui s’offrent à eux dans la Ville Lumière, d’où un témoignage très vivant et contrasté qui ressuscite pour nous l’Exposition universelle et ses mirages, à travers le prisme de trois regards égyptiens. En plaçant au milieu de ce trio de touristes, un orientaliste français, anti-colonialiste et philosophe, Muwaylihî nous propose, bien au-delà d’un récit mêlant document et fiction, un texte placé sous le signe de la controverse comme de la causerie amicale, un texte qui trouve toute sa place dans l’Histoire du dialogue entre Orient et Occident. Plongez dans ce récit mêlant document et fiction, et découvrez un témoignage très vivant et contrasté qui ressuscite pour nous l’Exposition universelle et ses mirages, à travers le prisme de trois regards égyptiens. EXTRAIT Le pacha.- Et qu’est-ce qu’un modèle ? Le philosophe.- Une femme que l’artiste choisit avec soin pour la représenter et cela en raison de la beauté de son visage ou pour l’harmonie de ses proportions : l’une se distinguant par la finesse de ses articulations, l’autre par l’arrondi de sa gorge, une troisième par sa taille bien prise, une autre encore par l’éclat de son sourire et ainsi de suite. On voit donc les antichambres des artistes envahies par ces modèles dont le salaire varie à proportion de leurs charmes. Il est rare d’entrer chez un peintre, dans son atelier, sans trouver devant lui une femme dénudée qu’il retourne à sa fantaisie, tantôt de droite tantôt de gauche, jusqu’à obtenir la pose dont il cherche à se remplir les yeux et qu’il voudrait graver dans son esprit pour en tirer un portrait à sa ressemblance. Le pacha.- Quel dévergondage et quel scandale êtes-vous en train de me décrire ! Le philosophe.- La chose ne passe pas chez nous pour répréhensible ou malhonnête. Les femmes n’éprouvent aucune honte à s’y prêter et la mettent au rang des métiers respectables dont on n’a pas à rougir et qui ne peuvent entacher une réputation. Un débat nous tient aujourd’hui partagés : doit-on autoriser les peintres à exercer leur activité au milieu de la foule, sur les avenues passantes de la même façon que dans leurs ateliers ? À PROPOS DE L'AUTEUR Muwaylihî (Mohammad), 1858-1930. - Écrivain arabe, égyptien. Il prit part tout jeune au soulèvement de Urabi Pacha en 1882, et dut s'exiler. Il rejoignit son père, Ibrâhîm al-Muwaylihî, à Naples, séjourna un certain temps avec lui à Istanbul, puis revint au Caire où il collabora à différents journaux. Il fonda avec son père une revue, lors de leur retour en Egypte, Le Flambeau de l'Orient, et y fit paraître en feuilleton son Récit de ' Isâ ibn Hishâm, qui connut un grand succès, et fut édité en un volume à plusieurs reprises. C'est une des dernières étapes du genre de la " séance ".

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