Si on chantait ?

Si on chantait ?

Legimi

Alice a survécu à la tentative d'avortement de sa mère et en garde l'impression d'être indestructible. Elevée par cette mère ambivalente cabossée par la vie, abusée par un père malfaisant, elle avance néanmoins avec de solides atouts dans son jeu  : une grand-mère aimante, une amie truculente au soutien sans faille, la musique, exutoire à sa difficulté d'être, et la rage de vivre chevillée au corps. Héroïne résiliente, Alice trace sa route en chantant malgré les drames qui la frappent. Parviendra-t-elle à se libérer, à s'autoriser à goûter au bonheur? EXTRAIT Seize millimètres. À peine la taille d’une olive. Fruit de toutes les existences immémoriales qui l’ont précédé et le constituent, ce petit haricot en apparence si vulnérable est un condensé de vie(s), l’expression éclatante de l’inné. Je suis rythme, pulsation, mouvement. Pulsion de vie, entité en devenir, créature en perpétuel développement, en constante expansion. Assoupi, ondoyant voluptueusement dans l’obscurité aqueuse de ma caverne, je suis soudain éveillé, alerté par une clarté inhabituelle derrière mes paupières closes. D’instinct j’ai flairé le danger. La mer, devenue houleuse, hostile, me ballotte, tandis que la peur s’insinue en moi. Prémonition d’une intrusion dans mon abri matriciel, d’une possibilité d’arrachement, de marée descendante, de finitude. Mon cerveau reptilien m’enjoignant de fuir, je profite d’un courant ascendant pour m’élancer, à la force de mes bras et de mes jambes ébauchés. Je me hisse jusqu’à trouver refuge dans le coin le plus inaccessible, où je me tapis, inerte. Effluves ferrugineux. J’ai l’intuition que ce qui a pénétré mon paradis perdu n’aspire qu’à mon anéantissement. Un spot puissant balaye la nuit en quête du fugitif. Un violent courant d’air froid tente de m’entraîner en bas, vers l’issue béante qui me fascine autant qu’elle me terrifie. Vertige. Le sicaire a décidé de faire place nette en mon royaume. Monarque déchu, trahi par celle qui, hier encore, me couvait en son sein, désormais seul face à l’adversité, je refuse de capituler. Malgré mes doigts et mes orteils à peine modelés, je m’agrippe aux parois tendres et charnues de mon cocon avec l’énergie du désespoir. Je lutte pour ne pas glisser et me laisser emporter dans leur tube de mort. Sorti du néant il y a près de sept semaines, je livre mon premier combat. Sans voix, sans vue, sans ouïe. Je clame mon droit à poursuivre mon évolution. Ça peut sembler dérisoire, perdu d’avance, mais je suis coriace et animé d’une telle volonté, pétri d’une telle rage d’exister que rien ne saurait m’ébranler. J’ai la prescience que si je ne dois gagner qu’une bataille, ce sera celle-là. Je veux VIVRE. Envers et contre tout. À PROPOS DE L'AUTEURE Léna Devigny, de son nom de plume, est musicienne de formation et diplômée en lettres. Professeure de musique depuis une vingtaine d’années, nourrie de littérature, de voyages et de psychanalyse, elle s’est inspirée de son enfance à Montmartre dans les années soixante-dix, de rencontres qui ont jalonné sa vie, enrichi son imaginaire, pour concevoir son premier roman, "Si on chantait ?" qu’elle auto-édite en Février 2020. https://www.facebook.com/lenadevignyauteur

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