Rencontres entre les deux Corées
Legimi
Comprendre l'incroyable destin de la Corée. Depuis 1953, les deux Corées se font face, dans un cessez-le-feu qui n'est pas vraiment la paix, qu'elles ont refusé de signer, et pas vraiment la guerre, par les armes qui se sont tues pour l'essentiel. La frontière infranchissable qui les sépare est la dernière héritée de la Guerre froide. Pourtant, de part et d'autre, l'unification de la Corée est l'objectif de chacun des deux régimes. Un objectif idéalisé, parfois purement rhétorique, alors que peu de Coréens incarnent encore la mémoire d'une Péninsule unifiée. Eva John, pour comprendre ce qui est fantasmé et ce qui est réaliste dans ce rêve de réunification, va à la rencontre de ceux qui la préparent au quotidien. Réfugiés nord-coréens, militaires, artistes, responsables politiques, tous expriment d'abord leur intime conviction. Et nous permettent de comprendre l'incroyable destin de la Corée. A travers cet ouvrage, faites la rencontre de ceux qui préparent quotidiennement la réunification des deux Corées. EXTRAIT Le meilleur exemple de coopération économique entre les deux Corées a été le complexe industriel de Gaeseong, une zone cogérée par les deux pays. Fruit de la politique de rapprochement menée entre Séoul et Pyongyang au début des années 2000, il a ouvert ses portes en 2005. Une centaine d’entreprises sud-coréennes s’y sont installées dans les années qui ont suivi, employant de la main-d’œuvre nord-coréenne sur place. En février 2016, la présidente sud-coréenne de l’époque, Park Geun-hye, a décidé de le fermer, prétextant que les salaires versés par le Sud étaient utilisés par Kim Jong-un pour développer son programme nucléaire. Fermer Gaeseong était peut-être la meilleure des choses à faire, puisqu’il était très difficile de savoir exactement où allait cet argent. Mais le complexe avait au moins le mérite d’employer 50 000 Nord-Coréens, de leur fournir de bonnes conditions de travail tout en leur permettant de découvrir les rudiments du système capitaliste. Je suis convaincu que créer de l’emploi est la meilleure des aides humanitaires, bien plus efficace que les versements d’argent. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE Composé d’une dizaine d’entretiens, l’ouvrage paru chez Hikari Editions est le fruit de longues années de reportages de terrain. Vous y croiserez un ancien lieutenant-général de la zone démilitarisée, les patrons d’une agence matrimoniale, un réalisateur de documentaires, un dessinateur de webtoons, des professeurs d’universités ou encore des responsables d’ONG qui tous s’interrogent sur le vivre ensemble après plus de 60 ans de division. - asialyst.com Simples et vivantes, ces rencontres sont l’occasion d’éclairer les états d’âmes d’habitants bien plus souvent lucides que gentiment rêveurs sur de très hypothétiques retrouvailles qui se feront «dans la douleur». L’un d’eux fustige «l’idée d’un seul peuple et d’un pays unique», quand l’autre, transfuge du Nord, s’alarme de «l’énorme fossé culturel» entre les deux sœurs et de l’emprise redoutable de «l’autoritarisme» du Nord. Installée au Sud depuis 2009, Eva John est loin de ne signer qu’un catalogue accablant des abominations du régime de Pyongyang. Par le biais de ses rencontres, on perçoit une forme de sociabilité et de solidarité propre au Nord quand, au Sud, Internet dresse des barrières et «l’individualisme prime», témoigne Choi Seong-guk. L’identité du Sud est ainsi scrutée, notamment pour s’interroger sur les capacités de résistance de la jeune démocratie sud-coréenne. Cette réconciliation charrie quantité d’obsessions et de contradictions. Surtout quand certains Coréens rencontrés esquissent une réunification «violente et belliqueuse» dans l’esprit du Nord - Arnaud Vaulerin, Liberation.fr
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