Le Beaucaron

Le Beaucaron

Legimi

Noël se lance à la recherche de sa mère disparue, en quête de son identité. Le Beaucaron est le village où vit Noël, abandonné par ses parents, mais recueilli, aimé et chéri par des gens qui, quoique n’étant pas de son sang, le considère comme tel. Noël, insatisfait, veut retrouver cette mère qu’on dit morte, noyée dans un étang. Il veut comprendre ce qui s’est passé. Est-elle bien morte ? Et si elle avait pris un autre chemin, ce chemin pourrait-il encore croiser celui de son fils ? Et si, au lieu d’appartenir à nos parents ou à nos enfants, nous appartenions avant tout à une terre ? Noël, quoiqu’il en pense, appartient au Beaucaron, malgré sa mère… Au travers des romans de Nelly Kristink, institutrice et femme de lettres belge, c'est la terre ardennaise du milieu du XXe siècle que l'on découvre avec ravissement. EXTRAIT Norine n'avait guère dormi, la nuit ; un pli un peu amer tirait sa bouche fraîche tandis qu'elle était assise sur le seuil, les mains nouées autour de ses genoux. Le crissement d'une bicyclette sur la route est si léger qu'il faut être attentive pour le percevoir, mais la jeune fille était persuadée qu'elle l'entendrait depuis la première maison du hameau. Les arbres s'étaient tus. De l'autre côté de la route, en bordure du jardin de chez Tassin, les soucis tournaient leurs visages éclatants vers la lumière et les cruches à lait en fer blanc, mises à sécher sur les piquets de clôture, brillaient au soleil comme du bel argent. La mère de Raymond Tassin ouvrit la porte de sa maison et son regard passa en revue ses soucis, ses cruches à lait, le ciel uni comme un pâturage et la jeune fille assise sur le seuil. Norine répondait distraitement à son bonjour, puis elle rentra chez elle et revint aussitôt, portant un seau de pommes de terre à épluche, mais, arrivée sur la marche de pierre de taille, elle poussa un oh ! joyeux : Noël était. À PROPOS DE L'AUTEURE Nelly Kristink (1911-1995) est née à Bruxelles. Sa mère est des Ardennes liégeoises (Chauveheid), et son père est de nationalité allemande. Elle devient institutrice, et, un peu isolée dans les Ardennes, elle commence à écrire. Elle reçoit de nombreux prix dont le Rossel en 1948 pour son roman Le Renard à l’anneau d’or. Nelly Kristink n’a pas fondé de famille, mais, à la lecture de son œuvre, on comprend que la terre ardennaise lui en a tenu lieu.

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