La Provence primitive

La Provence primitive

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La Provence et l’Auvergne ou « île centrale » sont ces deux terres également curieuses à observer. Séparées maintenant l’une de l’autre par la vallée du Rhône, jadis par un bras de mer, marquées de traits communs, mais ayant en des destinées différentes et des événements qui leur sont propres, elles méritent, par cela même, d’être l’objet chacune d’une étude spéciale, et leurs annales comportent une double histoire. Nous commencerons par celle de la Provence. En jetant les yeux sur une carte de Provence, on voit, à partir du cap Sicié, la côte s’infléchir, se creuser, devenir sinueuse et capricieusement découpée. Non-seulement elle donne lieu aux rades de Toulon et d’Hyères, aux plages dentelées de Bormes et de Cavalaire, au golfe de Grimaud ; mais elle projette au sud un archipel, celui des îles d’Hyères, au moyen duquel la Provence atteint et dépasse quelque peu le 43e degré de latitude. Au-delà, c’est-à-dire à la hauteur de l’embouchure de l’Argent, la côte se replie et remonte vers le nord. Le périmètre dont nous venons de suivre les limites littorales est borné à l’intérieur des terres par la petite chaîne des Maures, qui court de la Garde-Freynet à Pignans ; le long de la plage, la région ainsi déterminée est le plus souvent abrupte, semée d’anfractuosités, d’accidents anguleux ou même coupée à pic, comme si la continuité des terrains qu’elle comprend eût été brusquement rompue à un moment donné, sans qu’il soit possible de présumer leur étendue antérieurement à cette fracture. C’est là, en Provence, en y joignant quelques lambeaux vers l’Estérel, au-dessus de Cannes et du golfe Juan, la « région primitive, » émergée de toute ancienneté, en même temps la région siliceuse et cristalline dont les roches, granitiques et gneissiques par places, sont plus ordinairement schisteuses et pailletées de mica…

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