La Pêche à rôder

La Pêche à rôder

Legimi

La pêche, un art de l’impatience ?Pour la plupart, pêche rime avec patience, passivité, ennui. C’est l’éternelle caricature du pêcheur en papi affalé devant sa canne, les yeux rivés à son flotteur qui ne coule jamais.Or, à lire les récits ou à regarder les photos de Jacques-Étienne Bovard, qui rôde depuis son enfance le long des rivières et des lacs, on verra que la pêche peut se décliner en inventaire émotionnel extraordinairement contrasté et intense : le temps devient affût passionné, au seuil d’un autre monde, où se confondent la mémoire et le rêve. La rivière se livre, ou ne se livre pas, telle une femme irrésistible et insaisissable. Quel ennui ? Quelle patience ? Le pêcheur rôde, ruse, rêve, délire, jubile, explose – de joie, de fureur. Et c’est toujours un morceau de lui-même qu’il finit par ferrer, dans les clairs-obscurs où le regard se perd.Une ébauche originale du monde de la pêche comme support de réflexion sur l'existence et l'humanitéEXTRAITIl se rappelle avoir roulé-boulé pour s’éloigner des sabots, s’être même demandé sitôt après où était son cheval.Or il faut admettre qu’il n’y a pas de cheval.Pas cette fois-ci.Il faut admettre qu’il est tombé tout seul, ou plutôt qu’il a été sa propre monture fantasque, et s’est désarçonné lui-même, éjecté de l’intérieur…Son crâne tinte comme une cloche, le gros orteil gauche hurlant dans la botte muette. Rien de grave pourtant, c’est déjà une espèce de certitude, accompagnée d’une curieuse envie de rire – mais attention à cette euphorie d’après choc. Nom, prénom, date de naissance, plaques minéralogiques…C’est bien lui. Merci l’épais bonnet de laine roulé sur le front, qui a absorbé la moitié du coup. À part ça, on est le premier dimanche de mars, à trois cents mètres de l’embouchure de la Venoge, au petit matin de l’ouverture de la pêche. Tout va bien. Ne manquent que ces saletés de lunettes…CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE"La pêche à rôder, c'est se glisser d'une rive à l'autre, du passé au présent, de l'obscur des eaux profondes à la lumière des écailles étincelantes, de l'innocence de l'enfant pantelant devant l'inconnu à la conscience de soi de l'écrivain dans la maîtrise de son art halieutique et littéraire. C'est raccommoder son être par le fil de la pêche, au fil de l'eau. C'est exister par les rivières et son petit peuple, confondre le biotope et le biographe. Rôder au bord de l'eau, mémoires d'outre-ondes !" - Eric Morell, Chamane51"Jacques-Étienne Bovard jette un pavé de poésie, dans la mare des a priori contre la pêche. À la lecture de son livre on ne peut qu’envier cette liberté du pêcheur qui capte les humeurs les plus secrètes de la nature et vibre d’émotions si contrastées! C’est qu’il a le verbe accrocheur, Jacques-Étienne Bovard, drôle, confidentiel, riche en images et en sentiments. Illustré d’une sélection de photographies en noir et blanc, La Pêche à rôder est une invitation à écouter ses passions, à les vivre pleinement sans perdre de temps. A chacun pour ce faire de trouver sa rivière." - Marjorie Siegrist, Terre & NatureA PROPOS DE L’AUTEURJacques-Étienne Bovard est né à Morges en 1961. Parallèlement à son métier de maître de français, il bâtit une œuvre composée essentiellement de romans et de nouvelles, la plupart ancrés dans les paysages et les mentalités de Suisse romande, qu’il considère comme un terreau hautement romanesque à maints points de vue. Couronné de nombreux prix, Jacques-Étienne Bovard fait partie des auteurs suisses romands les plus réguliers et les plus largement reconnus par le public.

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