L'ai-je bien mérité ?
Legimi
Immergez-vous dans l'esprit d'un détenu incarcéré pour délinquance. Une nuit en garde à vue à la gendarmerie. Je n’ai rien mangé depuis hier midi, j’ai faim. Première nuit de prison. Une cellule tout en béton de deux mètres sur deux. Une nuit sur une couchette elle aussi de béton recouverte d’un matelas plastique de quatre centimètres d’épaisseur. On m’a retiré mes lunettes de peur que je ne les utilise pour m’enfuir ou pour me faire du mal, je ne sais pas. Froid, peur, envie de vomir. Je suis un délinquant. Réveillé toutes les deux heures par un gendarme qui tape à la porte avec un « Ça va, Monsieur ? » et qui frappe jusqu’à ce que je réponde et s’en va comme il est venu, ombre dans la nuit. La lumière automatique du couloir met dix minutes pour s’éteindre à nouveau, la nuit recommence, interminable. 14 h 45, rendez-vous avec le Procureur de la République. Nous faisons le voyage jusqu’au tribunal dans une voiture bleue aux couleurs de la République. Le gendarme qui conduit roule sans se préoccuper des limitations de vitesse, c’est vrai que nous sommes partis en retard. - Monsieur je vous avais prévenu, votre attitude n’est pas acceptable, vous allez en prison pour un mois. La jeune juge est sévère. Rien à dire. Ce roman policier décrit précisément, à l'aide de témoignages, le quotidien difficile des prisonniers français. EXTRAIT L’hygiène est à mes yeux une condition impérative de la vie en prison car elle conditionne l’équilibre et la dignité nécessaires des détenus. Il semble que mes nouveaux colocataires ne soient pas préoccupés par cet aspect de leur vie en détention. Mais même si la saleté me déplaît fortement, c’est un autre travers des habitants de cette cellule qui va me rebuter le plus. Ils sont fumeurs tous les trois et d’après ce que je constate, ils fument énormément, au point qu’un nuage nocif flotte dans la cellule. Ma seule envie est de sortir de cet enfer, prendre l’air frais de l’extérieur et retrouver Michel, seul visage connu de ce nouvel univers. Je n’ai aucun moyen de connaître l’heure actuelle et je ne sais pas quand a lieu, ou a eu lieu, la promenade de l’après-midi. Dans mon ancienne cellule, de nombreux documents étaient affichés près de la porte dont l’un portait les horaires des sorties mais ici je ne vois rien de tel. Je ne veux montrer aux trois occupants ni mes angoisses ni mon désir de les oublier l’espace d’une promenade mais je tourne les yeux en tous sens espérant trouver le fameux affichage que je découvre enfin sur le flanc d’une des deux armoires. Je m’en approche sans montrer quel est mon but en faisant mine de regarder la télévision et je parviens à déchiffrer une petite feuille de papier raturé sur laquelle apparaissent les horaires tant convoités. À PROPOS DE L'AUTEUR Stéphane Courseau - L’auteur nous plonge dans une prison française à suivre les pas d’un personnage qui n’était pas destiné à y entrer : hasard, pure délinquance ou acte manqué ? Après avoir visité de nombreux détenus il a dépeint avec véracité et précision le quotidien des prisonniers, leurs angoisses et leur révolte. Depuis l'écriture de ce roman, le législateur a assoupli les conditions d'incarcération pour les petites peines en privilégiant les mesures alternatives telles que le bracelet électronique. Découvrez ici ce qu'était le quotidien de ces femmes et hommes confrontés au pire des milieux.
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