Kalimat

Kalimat

Legimi

Partez à la rencontre de seize protagnistes pour seize nouvelles diférentes, nées de rencontres, de sensations et d'anecdotes du quotidien, mais surtout du besoin grandissant de s'exprimer avant de pouvoir passer à autre chose. Seize nouvelles. Seize arrêts sur image le temps de donner la kalimat, la parole, à seize protagonistes différents par leurs âges, leurs origines, leurs vécus, leurs histoires, et leurs phases de vie. Seize. Ils sont seize. Chacun d’eux a besoin de s’exprimer, de dire ce qu’il a à dire avant que la vie ne reprenne son cours. Seize textes inspirés par des gens croisés au hasard, par une odeur, une sensation, ou une anecdote racontée le temps d’un thé partagé. Seize, c’est le numéro atomique du soufre. Certains de ces protagonistes prennent la parole pour crier leur douleur et moins souffrir, d’autres pour reprendre leur souffle avant de repartir. Seize, c’est également quatre puissance quatre. Un carré parfait. Parfaites, ces nouvelles ne le sont pas, car les protagonistes ne le sont pas. Ils sont bourrés de défauts, remplis d’émotions, de blessures, de fêlures. Ils sont tout simplement humains. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite, quoique... Les émotions qu’ils ressentent et expriment, existent indéniablement en chacun d’entre nous. Un recueil de seize nouvelles inspirées, ayant chacune pour sujet un personnage terriblement imparfait, avec ses défauts, ses émotions, ses blessures et ses fêlures. EXTRAIT Je n’ai quasi pas mangé en fait. J’ai dû servir mon cousin, lui amener à boire, le resservir, nettoyer ce qu’il avait renversé, aller donner à manger aux poules à sa place… Mes oncles et mes tantes, mes grands-parents, ils n’ont rien dit. Pire, ça les a fait rire, ce grand cousin qui taquine le petit, ils trouvent ça mignon. Mignon ? Sérieux ? À la fin du repas, mon cousin m’a attrapé par le bras et il a serré si fort que j’en ai eu les larmes aux yeux, surtout ne pas pleurer, il aurait été trop content. Il s’est approché tout près de mon oreille et m’a sifflé ses ordres en chuchotant. Et j’avais intérêt à faire ce qu’il me disait, sinon… Sinon ? Je ne sais même pas en fait, il n’a pas eu besoin de finir sa phrase. Alors j’ai fait comme il a dit. Je suis monté sur la terrasse pour la balayer. Les terrasses chez nous au bled, elles sont sur le toit et c’est tout plat, c’est fait exprès. Quand les nuits sont très chaudes, on dort sur la terrasse, sous les étoiles. Cette nuit, il allait faire encore très chaud, et comme la terrasse n’est pas très grande et qu’on ne peut pas tous y dormir, mon cousin m’a ordonné d’aller lui préparer le meilleur coin et d’y installer son matelas et son drap. Comme ça, lui au moins, il était certain de dormir au frais. J’ai fait comme il a dit. J’ai nettoyé les feuilles et la poussière, j’ai monté son matelas et son drap, j’ai tout installé exactement comme il voulait. Et puis, je me suis dit qu’il était temps. Que je devais remettre les choses à leur place. Que je devais lui montrer de quoi j’étais capable. Que je devais lui faire comprendre que je n’étais pas un rat, un moustique, une mouche, mais que je pouvais lui en donner s’il voulait… juste pour qu’il comprenne la différence… À PROPOS DE L'AUTEUR Mélanie Gordon est ingénieure en communication et conteuse professionnelle. Elle aime la richesse de la nature humaine. Passionnée de mots et d’histoires, les textes qu’elle propose sont des instantanés, de brefs moments décrits comme ils viennent, avec brutalité parfois, poésie, tempête ou tendresse.

13.47 PLN