Histoire de la Belgique

Histoire de la Belgique

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L’esprit partisan du roi des Pay-Bas qui réservait aux Hollandais la majorité des postes de commande de l’État, de l’administration et de l’armée, ne laissait aux jeunes intellectuels belges que deux débouchés : le barreau et le journalisme. Ils s’y jetèrent avec la fougue de leur âge, passionnés par le spectacle qu’offrait le monde puissamment travaillé par les ferments du libéralisme et du nationalisme. Dans le Mathieu Laensberg de Liège, fondé par Paul Devaux, Charles Rogier et Joseph Lebeau, les libéraux combattaient les abus du pouvoir et s’efforçaient de former un esprit public. À peu près en même temps, Sylvain Van de Weyer, Jean-Baptiste Nothomb, Édouard Ducpétiaux et Louis de Potter apportaient un sang nouveau au Courrier des Pays-Bas de Bruxelles et donnèrent une orientation plus hardie à la vieille gazette libérale. Dans les Journaux catholiques — Le Spectateur belge, Le Catholique des Pays-Bas, Le Courrier de la Meuse — Constantin de Gerlache, Félix de Merode, l’abbé de Haerne et autres Bartels réclamaient la liberté en tout et pour tous. En se lisant et commentant réciproquement, journalistes libéraux et catholiques se sentirent de plus en plus proches. En 1828, l’union des opposants était conclue ; il ne lui manquait que le sceau final. Le gouvernement l’apposa en envoyant Louis de Potter dans la prison des Petits Carmes où se trouvait déjà Ducpétiaux accusé d’avoir critiqué le régime pénitentiaire ! La vigueur de la presse unioniste donna aux députés belges des États généraux, jusqu’alors assez effacés, une « espèce de fièvre du bien public ». Désormais l’assemblée ne se répartit plus en catholiques et en libéraux et calvinistes, mais en Belges et en Hollandais. En même temps que circulaient des pétitions en faveur de la liberté de la presse et de la fin du pouvoir personnel, les débats âpres et véhéments aux États généraux révélèrent le caractère inévitable du divorce. Aux premiers jours du printemps 1830, les diplomates habitués à flairer les catastrophes ne se faisaient plus aucune illusion sur l’avenir de l’amalgame… À PROPOS DE L'AUTEUR Georges-Henri Dumont est agrégé d’histoire (Université de Louvain), ancien conservateur aux Musées royaux d’Art et d’Histoire, professeur honoraire à l’Institut catholique des hautes études commerciales, il a dirigé le cabinet de plusieurs ministres de la Culture française en Belgique. Ancien membre du Conseil exécutif de l’UNESCO, il préside au sein de cette organisation le comité international pour l’édition de la monumentale Histoire du développement scientifique et culturel de l’humanité. Il est membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises. Parmi ses nombreux ouvrages, on notera sa Chronologie de la Belgique 1830 à nos jours (Le Cri), et son Histoire de Bruxelles (Le Cri). Son essai sur Léopold II (Fayard, 1990) a reçu le grand prix de la biographie de l’Académie française.

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