Hildegarde de Bingen
Legimi
Au fil de sa plume Lucia Tancredi nous révèle un personnage attachant et visionnaire. « On donne souvent en exemple des vies de saints qui dès leur plus jeune âge connaissent la route et la parcourent en allant tout droit Moi j’étais une petite fille dont le fragile envol avait été entravé par une chaîne cruelle. C’est pour cela que le Seigneur m’accorde de vivre encore à quatre-vingt-deux ans. J’ai besoin de beaucoup de temps pour comprendre et pour me comprendre. L’amour n’arrive jamais tout de suite. Il faut toujours une très longue effraction du cœur.» Cette vie d’Hildegarde de Bingen se présente comme un roman historique et se base sur la trame vraisemblable d’une biographie dictée, non à des hommes comme les textes que l’on connaît, mais à la moniale Adélaïde, qui vécut aux côtés d’Hildegarde jusqu’à sa mort. Le récit recueilli par une femme permet une reconstruction intime et fidèle, capable de décrire la vie extraordinaire d’une figure comme Hildegarde, mystique étonnante, amie des reines et des empereurs, à la fois témoin génial de son temps et considérablement en avance sur son époque, mais aussi enfant dans l’enceinte de l’abbaye, fille éprouvée, éducatrice affectueuse et maternelle, musicienne et guérisseuse, capable de trouver, dans les subtilités de la nature, le secret pour se sentir en harmonie avec la beauté et le don de la création. Hildegarde de Bingen est Docteur de l’Église (proclamation par Benoît XVI le 7 octobre 2012), quatrième femme à recevoir ce titre, à la suite de Catherine de Sienne. Thérèse d’Avila et Thérèse de Lisieux. Découvrez la biographie romancée d'une femme d'Église au parcours exemplaire. EXTRAIT Je vis le jour au déclin de l’été. Ma mère Mechtilde était convaincue que l’obscurité allait venir bien vite avec la pluie, en cette année plus froide que jamais. Elle était déjà vieille. Neuf grossesses l’avaient éreintée dans son corps et dans son âme. Lorsqu’elle parlait son visage devenait anguleux. Elle avait des mains petites et inertes, qui ne savaient pas tenir un bébé dans les bras pour le réconforter. Même ses cheveux avaient perdu toute viridité, sortes de fils de lin sans couleurs qui étaient au toucher comme le duvet des petits oiseaux de passage. J’aurais aimé caresser ces cheveux, mais elle ne me laissait pas faire. Elle disait qu’elle avait déjà assez donné. Elle éprouvait les mêmes ressentiments que peuvent nourrir certains travailleurs qui estiment qu’ils n’ont pas été payés suffisamment. Elle ne souriait jamais. D’ailleurs elle ne pleurait pas non plus, comme si elle avait avalé toutes ses larmes ou qu’elle les avait cousues sous sa peau, et ses yeux avaient bien du mal à s’ouvrir sous leurs membranes gonflées CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE Le roman historique de Lucia Tancredi, superbement traduit de l'italien, qui se fonde sur le récit de sa vie qu'a livré Hildegarde aux secrétaires qui se sont succédé auprès d'elle, nous fait découvrir comment l'enfant à la santé fragile, envoyée au monastère bénédictin de Saint-Disibod à l'âge de 8 ans, sut profiter du meilleur des êtres de son entourage. - La Croix À PROPOS DE L'AUTEUR Lucia Tancredi a une formation musicale et littéraire. Pianiste diplômée et auteure d’une thèse sur Marcel Proust, elle enseigne la littérature italienne et latine (d’où son accès direct aux textes originaux de et sur Hildegarde). Elle a fondé, en Italie, une revue de formation à l’écriture. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages dont un autre roman historique aux éditions Città Nuova : Io Monica, le confessioni della madre di Agostino (Moi, Monique, les confessions de la mère d’Augustin).
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