Cognition incarnée
Legimi
La cognition a longtemps été pensée comme opérant dans la tour d’ivoire que serait le cerveau, le corps et l’environnement tenant un rôle secondaire. Pourtant, nos connaissances exprimées par le langage attribuent une place essentielle aux états corporels. L’approche incarnée et située de la cognition défend justement l’idée d’une cognition enracinée (incarnée) dans nos interactions sensori-motrices présentes et passées avec notre environnement physique et social. Elle est « située » car elle ne peut être envisagée indépendamment des situations dans lesquelles elle prend naissance. Dès lors, c’est l’action (l’inter-action) qui est à l’origine de la cognition et oriente sa dynamique. Le monde ressenti (par opposition au monde physique) n’est pas pré-donné, mais au contraire projeté, ou énacté, dans une sorte d’espace-temps cognitif. En retour, cette incarnation ou projection de l’organisme définit et limite l’expression de la cognition. Par conséquent, la cognition émerge de l’état global du système et de ses perpétuelles modifications. Ce livre présente les bases théoriques de l’approche incarnée et située de la cognition en les illustrant notamment dans l’étude du vieillissement cognitif. EXTRAIT La perspective connexionniste n’est pas récente (pour une revue exhaustive de la question, voir Medler, 1998). Elle était déjà présente chez des auteurs comme Spencer (1855a, b), James (1890) et Thorndike (1932) ; mais ce sont les travaux de Lashley (1950) et ceux de Hebb (1949) qui vont inspirer le développement actuel du connexionnisme. En étudiant l’apprentissage chez l’animal avant et après lésions, Lashley ( In Search of the Engram, 1950) est arrivé à la conclusion que les aires corticales peuvent se substituer les unes aux autres et que c’est davantage le volume de tissus détruits que la localisation des lésions qui explique les difficultés d’apprentissage. Ces données l’ont conduit à soutenir que l’apprentissage est un processus largement distribué sur l’ensemble du cerveau et non spécifique à une aire particulière. Depuis lors, plusieurs travaux sont venus confirmer les idées de Lashley et notamment celle de la plasticité neuronale (e.g., Grossman et al., 2002). Les connexionnistes reprendront à leur compte le caractère distribué de l’apprentissage. À PROPOS DES AUTEURS Les auteurs sont tous trois des spécialistes du sujet. Rémy Versace est professeur de psychologie cognitive à l’Université Lumière Lyon2 et dirige une équipe de recherche au sein du laboratoire d’Études des mécanismes cognitifs. Denis Brouillet est professeur des Universités à l’Université Paul Valéry Montpellier3, au département de psychologie, membre de l’équipe de recherche Dynamique Cognitive et Sociocognitive Émergente de l’Unité de recherche Epsylon. Guillaume Vallet est, quant à lui, maître de conférences en psychologie à l’Université Clermont Auvergne et membre du laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive (LAPSCO).
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