Chroniques de déontologie
Legimi
Recueil de chroniques sur la presse, sa liberté et la déontologie journalistique. Les journalistes sont sur la sellette. Le public leur dispute sa confiance, les pouvoirs tentent de rogner leur liberté. Réseaux sociaux, informations falsifiées et post-vérités (« fake news ») menacent l’information des citoyens et le fonctionnement des démocraties. Un journalisme professionnel de qualité, indépendant et responsable est la seule réponse possible. Ce livre n’est pas un traité d’éthique. La déontologie est d’abord une pratique, une construction collective pour le respect des faits et des personnes, dans le seul intérêt du public à être informé. À travers les chroniques publiées depuis 2014 au fil de l’actualité, l’auteur passe en revue les « bonnes pratiques » et indique quelques balises pour aider les professionnels à répondre aux questions qu’ils se posent dans l’exercice du journalisme au quotidien. EXTRAIT DE Caméra cachée Transparence et loyauté commandent les relations des journalistes avec leurs sources. La règle est de travailler à visage découvert. Dans certains cas, l’intérêt de l’information à recueillir peut justifier l’anonymat. À la télévision, la nécessité d’avoir des images multiplie les occasions de travailler discrètement. En reportage, la caméra du JRI est bien visible. Les personnes filmées doivent en être averties. Mais selon l’adage des rédactions de l’audiovisuel, il n’y a pas de sujet s’il n’y a pas d’images. Cela peut se comprendre, bien que cette affirmation posée en dogme ait deux conséquences négatives : négliger des sujets d’intérêt public difficiles à illustrer et inciter à tourner sans se faire voir, voire à utiliser des moyens déloyaux pour enregistrer des images. La caméra cachée doit donc être l’exception. Ce n’est jamais un simple effet de style ou une facilité. D’autant que les professionnels savent qu’en prenant le temps de comprendre les réticences, de convaincre d’accepter la caméra après un premier refus, on obtient des témoignages beaucoup plus fort que des images volées. Mais s’il faut y recourir ce ne peut être qu’à 3 conditions : il s’agit d’un important sujet d’intérêt public, il n’y a pas d’autre moyen d’obtenir l’information, le public sera informé du recours à une caméra cachée. Ces conditions doivent être satisfaites ensemble, analysées en amont avec la rédaction en chef qui autorise ou pas l’entorse à la transparence. Dans le cas d’urgence où ce dialogue n’est pas possible, un débriefing doit être fait a posteriori pour valider ou pas la décision de tourner en caméra cachée prise sur le terrain et la diffusion de ces images. À PROPOS DE L'AUTEUR Pierre Ganz est journaliste. Il a travaillé 40 ans dans l’audiovisuel public et privé français comme reporter, responsable d’équipes ou de magazines, rédacteur en chef et directeur. Il est vice-président de l’Observatoire de la Déontologie de l’information (ODI) et donne chaque mois une chronique sur un point concret de déontologie à la Lettre de L’Union de la Presse Francophone (UPF).
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