Bonhomme Ecriture

Bonhomme Ecriture

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L’apprentissage de la langue, de la littérature, du monde enfin, conduit l’auteur de l’école à son destin d’écrivain. D ’un trait léger et profond, Philippe de Boissy écrit son enfance, sauvée par l’écriture. Ce Bonhomme Écriture traverse la vie avec une force qu’il doit au pouvoir des mots entendus puis mis en pages, calligraphiés ou dessinés, ces mots qui permettent d’apprivoiser les peurs, de séduire, d’exprimer ses sentiments, de survivre en toutes circonstances. Une naissance à l’écriture, grâce à deux maîtres extraordinaires. L’apprentissage de la langue, de la littérature, du monde enfin, conduit l’auteur de l’école à son destin d’écrivain. Découvrez un ouvrage dans lequel Philippe de Boissy écrit son enfance, sauvée par l'écriture. EXTRAIT La semaine suivante, M. Nicolas me fait dessiner la vraie vedette de la marine, traversant la rade de Toulon. Mais avant, il me demande de donner un titre à mon dessin écrit la semaine précédente. Il me demandait toujours des choses impossibles. Je lâche : Le bateau. Mieux que ça ! J’ajoute : Le bateau au salon. Bateau au NON ! Mieux que ça ! Bateau dans un salon. Oui ! Mieux que ça ! Bateau dans un salon en été. Bateau de Noël au salon. Bateau en mer au salon. Tapis de vagues et barque. Salon fenêtre et barque blanche. Je passe de l’angoisse à la trouvaille, et de la trouvaille au délire. J’écris en colonne des phrases où je mélange tout exprès. Salon à tribord de la mer. Barque à la cloche d’accostage. Coup de roulis dans un fauteuil. Fenêtre ouverte sur un tapis. Tapis de mer pour vedette. Alors je vais dans le n’importe quoi. Bateau à quai sans maman. Le Pacha entre au salon. Georges Leygues sort de la maison. Je nage plus vite que ma mère. Alors il part vers le fond de la classe, les bras levés, sans que je sache s’il m’approuve encore. Il revient vers moi et conclut en souriant : On s’arrête. Tu dis n’importe quoi maintenant, mais c’est pas mal. C’est pour tout le monde pareil. II prend ma liste et mon dessin, relit quelques titres, et me lance : Je l’aime bien, ta chaise-bateau. Allez, au travail. Je m’y mettais volontiers. Mais toujours dans l’espoir qu’une fois passé l’orthographe, l’accord des verbes, le foutu accent grave sur le a, et parvenu à rédiger des phrases cohérentes que je savais relire avec bonheur, nous déboucherions sur ces plages d’invention où tout était permis, sauf le délire. Mais c’était quoi, le délire, et ça commençait où ? À PROPOS DE L'AUTEUR Écrivain, peintre et poète, Philippe de Boissy habite une ferme en Isère. Il a publié une trentaine d'ouvrages : poésies, nouvelles et romans, aux éditions Flammarion et dans des revues (NRF, Esprit, Sud…). Il a obtenu la bourse Guy Levis Mano de poésie en 1985, avec la publication de La Lampe sous le boisseau. Il a été instituteur, professeur d'anglais et animateur chargé de la littérature à la Maison de la Culture de Grenoble, où il crée des ateliers d'expressions écrites en 1972, puis des ateliers d'écriture en 1974. Il lance en 1981 le Centre de création Littéraire de Grenoble, qui éditera plusieurs ouvrages de poésie, des nouvelles et des livres d'histoire dans la série « Modestie de l'Histoire ». En 2004, il reçoit le prix de poésie Charles Vildrac de la Société des Gens de Lettres pour son recueil Jubilations du désert, aux Éditions du Jasmin. Lecteur à voix haute, il enregistre entre autres Le Silence de la mer de Vercors. Il travaille actuellement sur des contes, et un récit : L'enfant de ma tête (à paraître aux Éditions du Jasmin).

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