Anaissoune à l'école des blancs
Legimi
Quand un enfant d'Afrique se voit obligé d'aller à l'école des blancs... A la lecture de ce récit une phrase que connaissent tous les écoliers francophones me vient à l’esprit, Rodrigue, dans le Cid de Corneille, clamait : "Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années". Anaïssoune avec ses 7 ans est certes une âme bien née ! Benjamin d’une grande fratrie, orphelin déjà de père et de mère, il a grandi au sein d’une famille qui l’entoure d’un amour infini. Il va être arraché aux siens pour intégrer l’Ecole nomade de Gourma Rharous et son départ est un véritable drame. Il parvient à braver les obstacles, à concilier son sens de la révolte et son désir de fuite pour retrouver sa famille avec les principes d’honneur inculqués par son éducation traditionnelle peule. Malgré sa méfiance pour tout ce qui vient de l’Ouest et grâce à son courage et à sa finesse d’esprit, il va réussir à résoudre cette équation aux données contradictoires : comment rester soi même, fidèle aux siens, à ses principes d’honneur et devenir un « petit esclave des blancs » fier et libre. Anaïssoune voudrait revenir chez lui et vivre auprès des siens dans ce Gourma qu’il aime tant mais son intelligence et ses réussites scolaires le prédisposent à poursuivre toujours plus loin sur le chemin de la connaissance. Au cours de ces années vécues dans « la prison dorée » de Bengao, il va aussi forger sa personnalité au contact des enfants peuls et touaregs et tisser avec eux des liens d’estime et d’amitié indestructibles. Au moment où le Mali cherche à résoudre le difficile problème de la réconciliation nationale, ce récit nous apporte une brise d’espoir, l’espoir que les hommes d’honneur et de valeur de ce Nord, aujourd’hui meurtri, sauront rétablir la trame du tissu social et les liens solides de fraternité et d’amitié qui liaient les familles des ethnies peule, sonraïe, arabe et touarègue du nord du Mali. Puisse le temps de la Baraka revenir dans notre pays ! Un récit d'Afrique qui touchera les lecteurs du monde entier ! EXTRAIT J’ai été élevé dans le mépris du mensonge : en répétant « nos ancêtres les Gaulois », je souffrais beaucoup car j’étais convaincu que je mentais ! Je connaissais mes ancêtres et honnêtement, il n’y avait aucun gaulois parmi eux ! Ce n’était absolument pas par hostilité aux Gaulois, mais par fidélité à mes vrais ancêtres et par devoir de vérité. J’ai été donc envoyé dans la cour pour « refus de répéter nos ancêtres les Gaulois » ; j’ai donc attendu que l’on sonnât la récréation, et sa fin pour pouvoir retourner en classe et, on ne me demanda jamais de répéter nos ancêtres les Gaulois ! À PROPOS DE L'AUTEUR Né en 1940 à Gourma Rharous (région de Tombouctou, Mali), le petit Younouss Hamèye Dicko a été « pris » à l’Ecole des Blancs, en novembre 1947. Il fit alors ses classes jusqu’en 1953 à l’École Nomade de Gourma Rharous, école spécialement créée pour les enfants « des grandes Maisons » du Gourma. En 1953, contre son propre souhait et malgré les gris-gris de tous les marabouts de sa famille, Younouss décrocha le Certificat d’Etudes Primaires et réussit brillamment le Concours des Bourses. Il fut alors orienté au Collège Moderne de Diré où, en 1957, il fut admis au Brevet Elémentaire et réussit le Concours d’Entrée à l’Ecole Normale William Ponty à Sébikhotane (Sénégal). De retour au Mali, après de solides études à Montpellier (France), il enseigna à l’Université de Bamako la thermodynamique, l'optique, la mécanique quantique et l'histoire des sciences. Depuis plusieurs décennies, Younouss prend activement part à la vie politique et à l'action sociale de son pays. Il est l'auteur de plusieurs livres, marié, père de cinq enfants et grand-père de sept petits-enfants.
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